Sombre

Recherche


Login

Sign up

Wishlist

Reading list


Helps


On utilise souvent les mots “agitation” et “agressivité” pour décrire des comportements vifs, dérangeants ou perçus comme dangereux. Pourtant, ces deux termes désignent des phénomènes psychiques très différents, avec des causes et des implications distinctes.

Dans les milieux éducatifs, médicaux ou familiaux, les confondre peut mener à de mauvaises interprétations… et à des réponses inadaptées. Cet article propose de clarifier ces notions, pour mieux comprendre ce qu’elles expriment et comment les accompagner avec justesse.


🧍 Agitation : un trop-plein d’énergie désorganisée

L’agitation est un état d’activation physique ou mentale excessive, souvent difficile à canaliser. Elle peut se manifester par :

  • Des mouvements incessants ou désordonnés
  • Une impossibilité à rester en place
  • Une parole précipitée ou décousue
  • Des gestes répétitifs ou stéréotypés
  • Une tension visible dans le corps

Mais l’agitation n’est pas dirigée contre autrui. Elle est le signe d’un déséquilibre interne, parfois intense, souvent involontaire.

Elle peut être liée à :

  • De l’anxiété aiguë
  • Une surcharge émotionnelle
  • Un trouble neurologique ou psychiatrique
  • Un état de sevrage
  • Une douleur non exprimée
  • Une confusion mentale (chez les personnes âgées par exemple)

👉 L’agitation appelle du calme, de la contenance, une atmosphère sécurisante.


🔥 Agressivité : une tension qui cherche à s’imposer

L’agressivité, elle, est une tendance à s’opposer, à blesser ou à dominer, volontairement ou non. Elle peut prendre la forme de :

  • Violences verbales
  • Geste de menace ou d’intimidation
  • Ton cassant ou ironique
  • Attaques indirectes (sarcasme, rejet silencieux, passivité hostile)

L’agressivité traduit une émotion mal régulée, souvent la colère, mais aussi la peur, la honte ou la frustration. C’est une manière, parfois brutale, d’exister ou de se protéger.

Elle peut venir de :

  • Un schéma relationnel conflictuel
  • Des blessures émotionnelles anciennes
  • Une faible tolérance à la frustration
  • Un besoin de contrôle ou de reconnaissance
  • Un modèle éducatif basé sur la confrontation

👉 L’agressivité appelle un travail sur les émotions, l’expression, les limites, la relation.


🔁 Les ressemblances trompeuses

Agitation et agressivité ont un point commun : elles sont souvent perçues comme dérangeantes, incontrôlables, inquiétantes. Elles peuvent toutes deux :

  • S’exprimer dans des contextes relationnels tendus
  • Se traduire par des comportements désorganisés
  • Provoquer malaise, peur ou rejet chez l’entourage
  • Être mal interprétées si on ne connaît pas la personne

Mais elles ne traduisent pas la même dynamique psychique. L’agitation est centrée sur soi, l’agressivité est dirigée vers l’autre. L’agitation est souvent involontaire, l’agressivité peut être instrumentale ou défensive.


🧠 Pourquoi les différencier est essentiel

Si l’on confond l’agitation avec de l’agressivité, on risque :

  • De surprotéger ou de restreindre une personne agitée, alors qu’elle a juste besoin d’un environnement apaisant
  • De ne pas poser de limites à une agressivité réelle, sous prétexte de nervosité ou d’hypersensibilité

Inversement, si on pense qu’un comportement agressif est seulement de l’agitation, on passe à côté d’un appel au secours émotionnel ou d’une dynamique relationnelle à restaurer.


🧰 Comment réagir face à ces deux types de comportements ?

En cas d’agitation :

  • Créer un espace prévisible, calme, sécurisant
  • Réduire les stimuli sensoriels (lumière, bruit, pression)
  • Ne pas forcer le contact ni la parole
  • Utiliser des outils de recentrage corporel (respiration, ancrage)

En cas d’agressivité :

  • Ne pas répondre à la provocation
  • Éviter les jugements ou contre-attaques
  • Mettre des mots sur ce qui est perçu : “Tu sembles très tendu…”
  • Poser des limites fermes mais bienveillantes
  • Proposer un espace de verbalisation différée (“On en reparlera plus tard, calmement”)

🩺 Dans les contextes cliniques et éducatifs

Dans les structures de soin, d’enseignement ou d’accueil, il est crucial que les équipes :

  • Soient formées à reconnaître la différence entre agitation et agressivité
  • Apprennent à lire les signaux faibles (corporels, verbaux, émotionnels)
  • Mettent en place des protocoles adaptés, selon les profils

Exemple : une personne atteinte de troubles cognitifs peut manifester une agitation motrice importante, sans intention agressive. Réagir avec punition ou confrontation peut aggraver la détresse.


💬 Témoignages croisés

“Quand je suis agitée, je n’ai pas besoin qu’on me calme, j’ai besoin qu’on me contienne.”
“Quand je deviens agressif, c’est souvent que j’ai eu peur ou que je ne me suis pas senti respecté.”
“Ma fille est très agitée quand elle est angoissée. Si on la gronde, ça explose.”

Ces paroles illustrent à quel point l’émotion est au cœur de ces comportements, et combien le regard porté sur eux change la donne.


🔚 Conclusion : deux expressions d’un malaise, deux réponses à inventer

Agitation et agressivité ne sont pas des “problèmes à corriger”, mais des langages à décrypter. Ils nous parlent d’un trop-plein, d’un déséquilibre, d’un besoin d’être entendu autrement.

Mieux les distinguer, c’est déjà poser un cadre plus juste, plus humain, et plus efficace. Parce qu’au fond, derrière le comportement, il y a toujours une histoire. Et parfois, il suffit de regarder autrement pour commencer à l’apaiser.

Découvrir d’autres Publications.

No posts were found.