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Pendant longtemps, on a cru qu’il fallait éviter l’erreur à tout prix. Qu’elle était le signe d’un défaut, d’un manque, d’une faiblesse. Mais aujourd’hui, nous comprenons de mieux en mieux que l’erreur fait partie intégrante de l’apprentissage, de la croissance, de la vie. Pourtant, pour de nombreuses personnes, l’idée même de se tromper reste intolérable. Parce qu’elle réveille la honte. Parce qu’elle remet en question la valeur personnelle. Parce qu’elle active un mécanisme intérieur binaire : tout ou rien, parfait ou raté, digne ou indigne.

Apprendre à s’autoriser l’erreur, c’est sortir de cette logique psychique radicale, pour retrouver de la souplesse, de l’humanité, du souffle.


Le piège du tout ou rien

Dans le tout ou rien psychique, il n’y a aucune marge de manœuvre :

  • soit je réussis parfaitement → je suis valable,
  • soit je me trompe → je suis nul·le.

Ce fonctionnement rigide est souvent le fruit :

  • d’une éducation exigeante, sans droit à l’échec,
  • d’un vécu d’humiliation en cas de faute,
  • d’un perfectionnisme internalisé comme stratégie de survie,
  • d’un lien entre amour et performance (“on m’aimait quand je faisais bien”).

L’erreur perçue comme trahison de soi

Pour les personnes concernées, l’erreur n’est pas une simple maladresse. Elle est vécue comme :

  • un défaut d’être,
  • une honte intime,
  • une preuve qu’elles ne méritent pas la reconnaissance, la confiance ou l’amour.

Elles peuvent penser :

“Si j’échoue, je ne vaux plus rien.”
“Si je me trompe, je vais perdre le respect des autres.”
“Je dois tout réussir, sinon je suis un imposteur.”


Les conséquences d’un rapport rigide à l’erreur

  • Paralysie dans la prise de décision ou la création,
  • Rumination obsessionnelle après chaque faute perçue,
  • Évitement de toute situation à risque d’échec,
  • Surcontrôle de chaque parole, chaque geste,
  • Souffrance relationnelle (peur de décevoir, de ne pas être à la hauteur),
  • Auto-sabotage (“Si je ne tente rien, je ne peux pas échouer.”).

S’autoriser l’erreur : un acte libérateur

Apprendre à vivre avec l’erreur, c’est :

  • se désidentifier de la performance,
  • ouvrir de l’espace à l’expérimentation,
  • retrouver le droit d’apprendre,
  • réintégrer la complexité humaine,
  • faire la paix avec ses limites.

Ce n’est pas “se relâcher” ou “se contenter de peu”. C’est changer de paradigme : viser le progrès plutôt que la perfection.


Pistes concrètes pour sortir du tout ou rien

1. Reformuler la valeur d’un essai → “Ce n’est pas parfait” → “C’est en cours.”
→ “J’ai raté” → “J’ai appris quelque chose.”

2. Nommer les peurs liées à l’erreur → De quoi ai-je peur si je me trompe ? D’être vu·e ? De perdre ? De me juger moi-même ?

3. Écouter la voix critique… puis y répondre → “Tu n’aurais jamais dû dire ça.” → “C’était imparfait, oui. Mais j’ai fait de mon mieux.”

4. Partager ses erreurs dans un espace bienveillant → L’erreur, quand elle est accueillie par les autres, devient plus légère à porter.

5. Créer un espace intérieur de compassion → Se parler avec douceur. S’offrir du pardon. Accueillir ce qui est, sans condition.


Témoignage fictif

“Avant, je passais des heures à tout relire, tout vérifier. Chaque erreur me semblait un drame. Puis j’ai compris que j’étais plus dur avec moi-même qu’avec n’importe qui d’autre. Aujourd’hui, je fais encore attention… mais j’ai appris à dire : ce n’est pas parfait, et c’est OK. Et ça change tout.”
— Anjali, 32 ans


En conclusion

S’autoriser l’erreur, ce n’est pas renoncer à l’exigence. C’est renoncer à la violence intérieure. C’est retrouver la possibilité d’essayer, de créer, de dire, de vivre… sans avoir peur que chaque pas soit un verdict. Le tout ou rien n’est pas la seule voie. Il existe un entre-deux doux, humain, vivant. Là où on se trompe parfois. Et où on apprend toujours.

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