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Certaines erreurs blessent. Mais d’autres ne blessent que par le regard qu’on leur porte. Un mot de travers, une hésitation, une faute involontaire… qui deviennent, dans l’esprit de certaines personnes, la preuve irréfutable de leur nullité, de leur incapacité, de leur indignité. L’autocritique n’est alors plus un outil d’ajustement : elle devient un fouet mental, une voix intérieure destructrice. La peur de l’erreur se transforme en haine de soi — et cela devient un enfer quotidien, invisible mais ravageur.


Quand la voix intérieure devient un persécuteur

Pour beaucoup, l’autocritique est un moteur : “Je peux faire mieux”, “J’apprends de mes erreurs”.
Mais chez d’autres, elle devient une voix tyrannique, permanente, acide :

  • “Tu es vraiment nul·le.”
  • “Comment as-tu pu dire ça ?”
  • “Tu ne vaux rien.”
  • “Tu n’y arriveras jamais.”
  • “Tu es une honte.”

Cette voix intérieure ne corrige pas. Elle condamne. Elle humilie. Elle détruit l’estime de soi petit à petit.


L’erreur vécue comme faute identitaire

Une erreur, pour ces personnes, n’est pas un événement. C’est un symbole :

“Je me suis trompé·e” → “Je suis une erreur.”

Il n’y a pas de distinction entre faire une erreur et être une erreur. Ce glissement est central dans les troubles liés à la culpabilité excessive, à la honte chronique, à l’autodévalorisation.


Les conséquences de cette autocritique violente

  • Hypervigilance constante (ne pas faire d’erreur → ne pas être rejeté·e),
  • Paralysie de l’action (si je me trompe, je vais me haïr),
  • Rumination destructrice (rejouer encore et encore la scène fautive),
  • Honte toxique (je ne mérite pas l’amour, la confiance, la réussite),
  • Auto-sabotage (se punir inconsciemment en échouant),
  • Isolement relationnel (éviter les autres pour ne pas s’exposer).

D’où vient cette haine de soi ?

🧠 Une éducation marquée par la critique : mots rabaissants, moqueries, pression à la perfection.
🧠 Des figures parentales ou éducatives peu contenantes : amour conditionnel, exigence sans soutien.
🧠 Des événements marquants non digérés : humiliations, échecs exposés, trahisons subies.
🧠 Une sensibilité élevée couplée à un manque de cadre sécurisant.

La haine de soi naît souvent d’un mécanisme de protection inversée : si je me punis moi-même, je serai peut-être moins blessé·e par les autres.


Le corps aussi en souffre

Cette autocritique peut s’incarner :

  • dans des troubles somatiques (tensions, douleurs, fatigue extrême),
  • dans une relation violente au corps (refus du soin, alimentation chaotique, absence d’écoute),
  • dans une auto-négligence globale : hygiène, sommeil, espace de vie.

Quand on se hait intérieurement, on a du mal à prendre soin de soi… ou même à s’autoriser à vivre confortablement.


Comment apaiser cette voix destructrice

1. Identifier le discours intérieur automatique → Qu’est-ce que je me dis ? À quel moment ? Quelle forme cela prend ?

2. Nommer la fonction cachée de la critique → Essaie-t-elle de me protéger ? De m’éviter une blessure plus grande ? D’anticiper le rejet ?

3. Séparer la faute de la valeur → “J’ai fait une erreur” ≠ “Je suis une erreur”. Apprendre à se parler comme à un·e ami·e.

4. Travailler le regard bienveillant → Accepter d’avoir été imparfait·e. S’ouvrir à d’autres voix : thérapeute, proche, mentor.

5. Rééduquer la voix intérieure → Cela demande du temps, mais on peut réapprendre à se parler avec respect. Et cela change tout.


Témoignage fictif

“Je me critique tout le temps. Même quand ça se passe bien, je me dis que j’aurais pu mieux faire. Une fois, j’ai oublié d’envoyer un fichier à temps. Ce n’était pas grave, mais j’ai passé la soirée à m’insulter dans ma tête. Je me suis dit que j’étais un incapable. Je me parle comme ça depuis toujours. Je suis fatigué.”
— Idriss, 35 ans


En conclusion

La peur de l’erreur devient une prison quand elle s’accompagne d’une haine de soi intérieure, constante, injuste. Cette voix intérieure critique n’est pas naturelle — elle est apprise, intégrée, mais elle peut être transformée. Il ne s’agit pas de devenir “parfait·e”, mais de redevenir humain·e, dans sa complexité, sa dignité, sa capacité à apprendre sans se détruire. La tendresse envers soi n’est pas un luxe. C’est une réparation.

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