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Ils n’ont rien dit. Ils ont peut-être à peine regardé. Et pourtant, c’est comme si leur regard transperçait. Comme si, soudain, être vu·e devenait insupportable. La phobie du regard est l’une des formes les plus silencieuses et les plus envahissantes de l’anxiété sociale. Elle transforme un espace public, une file d’attente, un couloir, en scène d’exposition inconfortable. Elle isole, elle fatigue, elle enferme dans une hyperconscience douloureuse de soi.


Quand être vu·e devient insécurité

La peur du regard peut se manifester dans :

  • Les espaces publics (transports, rues, magasins…)
  • Les milieux scolaires ou professionnels
  • Les interactions simples (passer une commande, entrer dans une pièce)
  • Même en présence de proches, selon le contexte

Elle n’est pas liée à un événement extérieur clair, mais à une perception intérieure aiguë de l’exposition. Être vu·e, c’est se sentir vulnérable, jugé·e, différent·e.


Symptômes fréquents

  • Rougeurs soudaines (érythrophobie), sueurs, tremblements
  • Évitement du regard direct, posture repliée
  • Fuite des situations où l’attention pourrait se porter sur soi
  • Rumination après un échange (“J’ai dû paraître bizarre…”)
  • Sentiment d’être constamment observé·e ou scruté·e

Ce que cette peur révèle

🧠 Une hyperconscience de son image

Le sujet se vit comme visible à chaque instant, capté, évalué, parfois même moqué — que cela soit réel ou non.

🫥 Une fragilité narcissique profonde

Être vu·e, c’est risquer d’être mal vu·e, mal interprété·e, rejeté·e. Cela touche au besoin d’estime et de validation.

💭 Une mémoire blessée

Des souvenirs de harcèlement, de moqueries, ou simplement d’être pointé·e du doigt peuvent nourrir cette peur.

🔄 Une double peine

Le fait même de rougir, trembler ou fuir devient une source supplémentaire de honte : on craint d’être vu·e… en train d’avoir peur d’être vu·e.


Conséquences sur le quotidien

  • Difficulté à prendre la parole, à entrer dans une pièce, à s’exposer
  • Fatigue émotionnelle intense due à l’autosurveillance constante
  • Baisse de confiance en soi, évitement de situations sociales
  • Isolement ou retrait de certaines interactions simples
  • Sentiment de déconnexion : “Les autres sont à l’aise, pas moi”

Accompagnements thérapeutiques efficaces

💬 Thérapies cognitivo-comportementales (TCC)

Travailler les pensées automatiques liées au regard des autres, pratiquer des expositions progressives à l’attention sociale.

🧘 Pratiques d’ancrage et d’auto-apaisement

Apprendre à rester présent·e dans son corps, plutôt que dans l’imaginaire du jugement.

🎭 Théâtre d’improvisation ou expression corporelle douce

Explorer ce que cela fait d’être vu·e sans être jugé·e, de jouer avec le regard dans un cadre bienveillant.

🧠 Travail symbolique sur la honte

Comprendre l’origine de cette peur, travailler la construction de l’image de soi.


Conseils pour mieux vivre avec cette peur

  • Pratiquer des micro-expositions volontaires (regarder, sourire, demander quelque chose)
  • Se rappeler que le regard des autres est souvent moins menaçant que celui qu’on imagine
  • Apprendre à “regarder” les autres pour mieux supporter leur regard
  • Reconnecter à ses sensations (sol sous les pieds, respiration) dans les moments de panique
  • Accepter que le malaise ne fait pas de soi quelqu’un de faible, mais quelqu’un de sensible et lucide

Conclusion

La phobie du regard n’est pas une timidité “exagérée”. C’est une expérience intime, parfois envahissante, de l’exposition. Elle touche à la valeur de soi, à la place dans le monde, à l’impression de mériter ou non d’exister à la vue de l’autre.

Mais elle peut s’apprivoiser, pas à pas. En réapprenant à se regarder soi-même avec moins de dureté, on ouvre aussi la porte à des regards extérieurs plus légers, plus vivables, parfois même… bienveillants.

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