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Elle entre dans la salle de bain, croise son regard dans le miroir… et détourne aussitôt les yeux. Ce visage, cette posture, cette expression — elle ne les reconnaît pas. Ce n’est pas une question d’esthétique. C’est plus profond : le reflet ne correspond pas à ce qu’elle ressent. Et cela crée un malaise. Parfois même une angoisse.

La phobie du miroir ne concerne pas seulement le corps ou la beauté. Elle touche à l’identité, au lien entre ce que l’on voit… et ce que l’on est.


Quand son propre reflet devient étranger

Cette peur se manifeste dans :

  • L’évitement des miroirs, reflets, photos ou vidéos de soi
  • Un sentiment de décalage ou de malaise lorsqu’on se regarde
  • Une sensation de distance, comme si l’image était celle de quelqu’un d’autre
  • Des crises de panique ou de dissociation en face de son reflet

Elle peut survenir de manière ponctuelle ou s’installer dans la durée.


Symptômes fréquents

  • Impression de ne pas se reconnaître visuellement
  • Malaise corporel général, sensation de ne “pas habiter” son apparence
  • Refus de se voir dans des contextes sociaux (visioconférences, photos)
  • Ruminations sur l’écart entre soi intérieur et apparence extérieure
  • Parfois, repli social ou désinvestissement de l’image

Ce que cette peur révèle

🧠 Une dissociation entre soi et son image

L’image reflétée ne parle pas de soi, ne traduit pas ce que l’on ressent ou pense être.

🫥 Une construction de soi fragile ou morcelée

Quand l’identité est floue ou mouvante, le corps devient un rappel brutal de son “fixe”.

💭 Un conflit entre identité projetée et vécue

L’on peut se percevoir jeune, fluide, neutre… et le miroir renvoie autre chose.

🔄 Une mémoire de critique, d’humiliation ou de regard extérieur douloureux

Le miroir n’est pas neutre : il porte les regards reçus.


Conséquences sur la vie psychique

  • Perte de confiance corporelle ou identitaire
  • Difficulté à se représenter ou à se sentir “entier·e”
  • Crises de dépersonnalisation ou d’invalidation de soi
  • Tendance à fuir les espaces sociaux où l’image est exposée
  • Souffrance silencieuse, souvent incomprise

Accompagnements thérapeutiques efficaces

💬 Thérapies intégratives (corps-émotion-identité)

Explorer le lien entre ce que je ressens, ce que je crois être, et ce que je vois.

🧠 Travail sur l’image de soi et l’histoire du regard

Revenir aux moments-clés : Quand ai-je commencé à me fuir ?

🧘 Approches de réconciliation corporelle

Pratiques douces (danse libre, yoga, toucher thérapeutique) pour habiter l’image avec lenteur.

🎨 Création autour de son image

Se représenter autrement : dessin, collage, photo participative, pour sortir du miroir figé.


Conseils pour apprivoiser le miroir

  • Ne pas forcer : s’approcher du reflet petit à petit, sans obligation
  • Utiliser des miroirs indirects (miroir d’ambiance, flou, mouvement)
  • Écrire ou dire ce que l’on ressent face au reflet
  • Se regarder dans le mouvement : le visage vivant est toujours plus vrai que l’image figée
  • Créer une narration personnelle qui relie ce que je vois et ce que je suis

Conclusion

La peur du miroir est souvent mal comprise. On croit qu’elle touche à la vanité ou au corps. Mais elle parle en réalité d’un trouble plus profond : celui de ne pas sentir son image alignée avec son être.

Et pourtant, petit à petit, on peut se réconcilier. Non pas pour aimer son reflet comme une surface… mais pour habiter son image comme un prolongement de soi vivant, imparfait, mais entier.

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