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Une salle aux couleurs pastel, une blouse blanche, une seringue, une main tendue… et soudain, des cris, des larmes, un corps qui se débat. La scène est familière à de nombreux parents et soignant·es : celle d’un enfant terrorisé à l’idée de recevoir un soin médical. Cette peur, qu’on croit souvent “passagère”, peut devenir un véritable trouble si elle n’est pas entendue, respectée, accompagnée.


Quand le soin devient menace

La phobie médicale chez l’enfant ne concerne pas uniquement les piqûres : elle englobe aussi :

  • Les examens (stéthoscope, gorge, oreilles…)
  • La pesée, la mesure, les gestes intrusifs
  • L’attente dans la salle ou l’odeur du cabinet
  • La peur du contact avec la blouse blanche
  • Le souvenir ou l’anticipation de la douleur

Elle repose souvent sur une mémorisation corporelle brute de l’expérience passée : douleur, peur, tension, séparation…


Symptômes fréquents

  • Crise de panique à l’annonce d’un rendez-vous médical
  • Agitation intense, pleurs, cris, blocage physique
  • Tentatives de fuite ou opposition physique au soin
  • Trouble du sommeil avant ou après la consultation
  • Reviviscence de la scène dans le jeu, les cauchemars ou les paroles

Ce que cette peur révèle

🧠 Une mémoire corporelle non verbale

Chez l’enfant, les souvenirs ne sont pas toujours conscients — mais le corps, lui, n’oublie pas. Un soin douloureux peut laisser une empreinte durable.

🫥 Une perte totale de contrôle

Le soin est souvent vécu comme imposé, incompréhensible, intrusif. L’enfant ne comprend pas le “pourquoi” mais ressent le “je suis en danger”.

💭 Une amplification par le stress parental

Un parent inquiet ou tendu transmet involontairement son angoisse. L’enfant perçoit l’émotion avant même les mots.

🔄 Une reproduction silencieuse

Certains adultes ont eux-mêmes vécu des soins violents ou humiliants dans l’enfance. Le stress se réactive à travers leur propre enfant.


Conséquences à long terme

  • Évitement des soins à l’adolescence et à l’âge adulte
  • Méfiance durable envers les professionnels de santé
  • Difficulté à exprimer ses douleurs ou besoins médicaux
  • Sentiment de trahison, de honte, de peur incomprise
  • Formation de phobies médicales complexes à l’âge adulte

Accompagnements et attitudes apaisantes

🧒 Préparer, expliquer, contextualiser

Adapter le discours à l’âge de l’enfant, parler vrai sans dramatiser, répondre aux questions.

🤝 Créer un cadre de confiance

Prévoir une présence constante (parent), un objet rassurant, un code pour s’arrêter.

🎭 Jouer le soin à l’avance

Rejouer la scène avec des peluches, des dessins, permet de se familiariser sans danger.

🧘 Accompagner les émotions, pas les nier

Accueillir la peur : “Tu as le droit d’avoir peur”, sans dire “ce n’est rien”.

🧠 Travailler la mémoire avec douceur

Après le soin, revenir sur ce qui s’est passé, mettre des mots, valoriser le courage et l’expression.


Conseils pour les parents

  • Garder soi-même une respiration lente et régulière
  • Ne jamais forcer un soin sans explication ou sans recours
  • Demander à être accompagné·e d’un·e soignant·e formé·e à la gestion de la douleur
  • Valoriser chaque pas franchi, même s’il reste de la peur
  • Se rappeler que la sécurité émotionnelle prime sur la réussite technique du soin

Conclusion

La phobie des soins chez l’enfant n’est ni une comédie, ni une faiblesse, mais une mémoire sensorielle qui cherche à se protéger. En la prenant au sérieux, en respectant le rythme, en écoutant le corps avant les protocoles, on construit une relation de confiance durable entre l’enfant, le soin… et soi-même.

Parce qu’un soin bien vécu, c’est déjà une guérison.

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