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Tout le monde mange, parle, rit. Mais pour certain·es, l’heure du repas partagé est tout sauf un moment de détente. Manger en présence d’autres personnes, sous leur regard supposé, devient une source d’angoisse intense, parfois paralysante. La phobie des repas partagés — ou deipnophobie dans certains contextes cliniques — est un trouble discret, mais profondément douloureux. Elle combine le corps, le regard, la norme… et la honte.


Quand l’assiette devient scène

La peur ne se limite pas aux repas formels. Elle peut surgir :

  • Dans une cantine, un restaurant, une salle de pause
  • Lors d’un dîner chez des ami·es ou en famille
  • À l’école, lors d’un déjeuner devant les autres élèves
  • Même dans des situations informelles (pique-nique, colocation…)

Le simple fait d’être observé·e en train de manger suffit à provoquer une montée d’angoisse.


Symptômes fréquents

  • Tension corporelle, gorge nouée, mâchoire bloquée
  • Difficulté à avaler, nausée, perte d’appétit immédiate
  • Fuite des repas collectifs, excuses récurrentes
  • Pensées intrusives : “Je mange bizarrement”, “Ils vont me juger”, “Je vais m’étouffer”
  • Culpabilité ou honte d’avoir “peur de manger devant les autres”

Ce que cette peur révèle

🧠 Une hyperconscience corporelle

Manger devient un geste exposé, surveillé, jugé. Chaque mouvement est scruté, ressenti comme potentiellement “inacceptable”.

🫥 Une angoisse du regard et du lien

Le repas est un moment de socialisation, donc de vulnérabilité. On s’y révèle — sans forcément le vouloir.

💭 Une mémoire blessée

Harcèlement scolaire, moqueries à table, critiques sur la manière de manger ou l’apparence du corps peuvent s’ancrer profondément.

🔄 Une tension entre naturel et contrôle

On voudrait manger “comme tout le monde”… mais on se sent hors norme, observé·e, incapable d’être soi.


Conséquences sur le quotidien

  • Isolement lors des repas, même avec les proches
  • Stress à l’idée d’invitations, d’événements sociaux incluant de la nourriture
  • Troubles alimentaires associés (privation, restriction, perte ou gain de poids)
  • Difficulté à vivre la convivialité, le plaisir simple de manger ensemble
  • Repli émotionnel : “Je suis bizarre”, “Je suis cassé·e”

Accompagnements thérapeutiques efficaces

💬 Thérapies cognitivo-comportementales (TCC)

Travailler les pensées anxiogènes liées à la nourriture en contexte social, pratiquer des expositions progressives.

🧠 Thérapies de la honte et du lien à l’image de soi

Explorer ce que l’on projette dans le regard des autres : “Que voit-on de moi quand je mange ?”

🧘 Travail d’ancrage corporel et sensoriel

Réapprendre à habiter son corps en mangeant, à redécouvrir le plaisir sensoriel, la lenteur, l’intimité du goût.

🍽 Exercices d’exposition douce

Partager un café, un encas, dans des cadres choisis, sécurisés, progressivement élargis.


Conseils pour apaiser la peur des repas collectifs

  • Identifier des personnes avec qui le repas se vit sans pression
  • Préparer à l’avance une “issue de secours” pour se rassurer (pause, sortie, excuse si besoin)
  • Se rappeler qu’on a le droit d’être mal à l’aise sans devoir se justifier
  • S’accorder le droit d’y aller par étapes, sans obligation de “tout réussir tout de suite”
  • Travailler l’auto-compassion : “Je fais de mon mieux pour apprivoiser ce moment difficile.”

Conclusion

La phobie des repas partagés n’est pas une simple gêne passagère. Elle exprime une peur profonde d’être vu·e, d’être jugé·e, dans l’un des gestes les plus élémentaires et symboliques de l’humanité : se nourrir.

Mais il est possible de retrouver, lentement, le goût du lien, le calme du repas, la présence à soi — même face aux autres. Manger n’a pas à être un combat. Cela peut redevenir un moment de vie.

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