“Et toi, tu fais quoi dans la vie ?”
“Tu vas bien ?”
“Tu ressens quoi en ce moment ?”
Ces questions, anodines pour beaucoup, sont pour d’autres de véritables tremblements intérieurs. Parler de soi — même légèrement — déclenche une angoisse, un blocage, une panique invisible. La peur de se dévoiler, de dire quelque chose de personnel, d’intime, d’émotionnel. Comme si chaque mot était un risque de trop, une faille, une fragilité livrée au monde.
Quand parler de soi devient exposition dangereuse
Cette peur peut surgir :
- Dans les conversations amicales ou amoureuses
- Lors d’un échange en petit groupe
- Dans les moments de vulnérabilité : fatigue, colère, chagrin, doutes
- Face à des compliments, des questions personnelles, des confidences partagées
- Même dans un cadre thérapeutique
Ce n’est pas qu’on n’a rien à dire… c’est qu’on ne se sent pas en sécurité pour le dire.
Symptômes fréquents
- Blocage verbal, blancs, réponses évasives ou monosyllabiques
- Changements de sujet rapides, humour ou diversion
- Sentiment de honte ou d’inconfort après avoir parlé de soi
- Culpabilité : “J’ai trop dit”, “Je me suis mis·e à nu”
- Impression de distance, même avec les proches
Ce que cette peur révèle
🧠 Une protection contre le rejet
Parler de soi, c’est se rendre vulnérable. Et si l’autre ne comprend pas ? Ne respecte pas ? Se moque ? Rejette ?
🫥 Une mémoire du silence imposé
Certains ont appris très tôt à se taire pour être aimé·es, accepté·es, non punis. Ou à ne pas déranger avec leurs émotions.
💭 Une peur de ne pas être “assez intéressant·e”
On doute de ce qu’on pourrait raconter, de sa valeur émotionnelle, de sa légitimité à exister dans la parole.
🔄 Un paradoxe relationnel
On veut créer du lien, mais on ne sait pas comment s’y autoriser sans se sentir exposé·e.
Conséquences sur la vie quotidienne
- Relations superficielles ou asymétriques
- Sentiment de solitude émotionnelle, même entouré·e
- Culpabilité d’être “fermé·e” ou distant·e
- Difficulté à demander de l’aide, à exprimer des besoins
- Blocage dans la thérapie ou dans la construction d’une intimité
Accompagnements thérapeutiques efficaces
💬 Thérapies centrées sur la sécurité relationnelle
Travailler la confiance dans le lien, l’écoute, le non-jugement, la constance.
🧠 Thérapies de la honte et de l’histoire émotionnelle
Explorer ce qui a rendu le dévoilement dangereux par le passé.
🧘 Techniques d’expression progressive
Mettre des mots sans tout dire d’un coup : écrire, parler à la 3e personne, passer par des images, des sensations.
🎭 Espaces d’expérimentation protégés
Groupe de parole, jeu de rôle, journal créatif : dire sans pression, avec liberté.
Conseils pour apprivoiser la parole sur soi
- S’autoriser à choisir ce que l’on veut dire, quand, à qui
- Commencer par de petits partages émotionnels simples : “Je suis un peu fatigué·e aujourd’hui”
- Se rappeler que parler de soi ne veut pas dire tout révéler
- S’entourer de personnes bienveillantes, capables d’écouter sans envahir
- Se féliciter de chaque ouverture, même minuscule
Conclusion
La peur de parler de soi n’est pas de la froideur, ni de l’égoïsme. C’est souvent le symptôme d’une histoire dans laquelle s’exprimer a été dangereux, inutile, ou puni. Mais la parole personnelle peut redevenir une source de lien, de soulagement, d’identité.
Car se dire — c’est aussi se découvrir. Et créer un pont vers l’autre, un peu plus stable à chaque mot.
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