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“Et si je dis quelque chose qui le vexe ?”
“Et si j’agis mal sans m’en rendre compte ?”
“Et si je suis trop, pas assez, à côté ?”

Certaines personnes vivent leurs relations comme un champ miné émotionnel. Le moindre mot, le moindre geste, la moindre expression devient un risque d’erreur sociale ou affective. Cette peur de “mal faire” dans la relation n’est pas une simple gêne : c’est une véritable phobie morale, souvent invisible, mais qui affecte profondément la liberté d’être soi, la spontanéité, la proximité. Une angoisse constante de blesser, décevoir ou déranger… même involontairement.


Quand la relation devient une zone à risque

Cette forme de phobie s’exprime par :

  • une surveillance permanente de ses paroles et gestes,
  • une anticipation anxieuse des réactions de l’autre,
  • un besoin d’excuses excessives ou préventives (“désolé·e si j’ai dit quelque chose de travers…”),
  • une peur paralysante du conflit, même minime,
  • une impossibilité à dire non, à exprimer un désaccord,
  • une culpabilité immédiate au moindre soupçon de malentendu.

L’erreur dans la relation n’est pas perçue comme naturelle ou rattrapable, mais comme une faute grave, irréversible, douloureuse à vivre et à faire vivre.


L’autre comme juge intérieur

Dans cette phobie, la personne ne vit pas uniquement avec les autres — elle vit dans le regard intérieur qu’elle projette sur eux :

“Il va penser que je suis égoïste.”
“Elle va croire que je ne l’écoute pas.”
“Ils vont se dire que je suis froide ou maladroite.”

Même sans retour explicite, même si l’autre ne réagit pas, la personne s’imagine avoir commis une “faute de lien”. Et ce sentiment peut suffire à déclencher un malaise intense.


Une empathie douloureuse

Souvent, cette phobie s’ancre dans une empathie forte, mais non régulée. La personne :

  • capte les signaux faibles de l’autre (silences, expressions, tensions),
  • les interprète comme des reproches,
  • se responsabilise à l’excès, même pour ce qui ne lui appartient pas.

Cette hyper-responsabilisation relationnelle vient parfois d’un passé où l’enfant a été mis·e dans un rôle de médiateur, de protecteur, de réparateur émotionnel.


Ce que cette peur empêche

  • Dire ce qu’on pense vraiment,
  • Exprimer ses besoins, ses limites, ses émotions,
  • Vivre des relations équilibrées,
  • Recevoir le retour de l’autre sans panique,
  • Accepter l’imperfection relationnelle comme normale.

On devient alors une personne qui “fait attention à tout”… mais qui s’épuise intérieurement, et qui finit parfois par s’éloigner des autres pour éviter le malaise.


Les racines de cette phobie relationnelle

  • Une éducation rigide ou culpabilisante : “Tu m’as blessé·e !”, “Regarde ce que tu me fais ressentir.”
  • Une expérience de rejet ou d’abandon suite à une maladresse perçue,
  • Un traumatisme de conflit mal vécu, qui laisse une trace anxieuse,
  • Une hypersensibilité émotionnelle, non accompagnée,
  • Une valorisation excessive du rôle de “gentil·le”, de médiateur·rice, de personne “qui ne fait jamais d’histoire”.

Comment apaiser cette peur de mal faire

1. Redéfinir ce qu’est une erreur relationnelle → Mal s’exprimer ne signifie pas trahir. Rater un mot ne signifie pas blesser.

2. Se donner le droit à l’imperfection affective → L’amour, l’amitié, la connexion se construisent aussi dans les maladresses partagées.

3. Oser demander sans s’excuser → “Est-ce que ça t’a dérangé ?”, plutôt que “Je suis désolé·e, je suis horrible, j’ai tout gâché.”

4. Développer une écoute empathique… envers soi-même → “De quoi ai-je besoin dans ce lien ? Comment puis-je me respecter aussi ?”

5. Travailler la tolérance au conflit → Un désaccord n’est pas une cassure. Un silence n’est pas toujours une rupture.


Témoignage fictif

“Quand je suis avec des ami·es, je repense à tout ce que j’ai dit après. Je me demande si j’ai été maladroite, trop bavarde, pas assez à l’écoute. Une fois, j’ai mis deux jours à envoyer un message d’excuse pour une blague que personne n’avait mal prise… sauf moi.”
— Sofia, 31 ans


En conclusion

La peur de l’erreur dans la relation est souvent le signe d’un cœur fin, attentif, profondément humain. Mais lorsque cette attention devient une angoisse constante, elle empêche la relation d’être un lieu de liberté. S’autoriser à mal faire parfois, à blesser involontairement, à corriger par la parole, c’est redonner au lien sa souplesse, sa vérité. Car ce n’est pas l’absence d’erreur qui crée la confiance… c’est la capacité à rester là, même après une faille.

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