Il enchaîne. Les écrans, les tâches, les messages, les listes. À peine une pause, déjà une autre idée, une autre chose à faire. Ralentir l’angoisse. Ne surtout pas s’arrêter. Car l’ennui n’est pas une simple inactivité : c’est une terreur. Un gouffre. Un vertige intérieur.
Pour certaines personnes, ne rien faire ne signifie pas se reposer. Cela signifie être confronté·e à soi. Et ça, c’est insupportable.
Quand l’ennui devient menace existentielle
Cette peur se manifeste dans :
- Le besoin constant d’activité, de distraction, de stimulation
- L’incapacité à rester seul·e avec soi-même, même quelques minutes
- Le rejet du silence, de la lenteur, de l’attente
- Une agitation mentale qui ne s’éteint jamais, même la nuit
Symptômes fréquents
- Surbooking chronique, même sur le temps libre
- Difficulté à méditer, à rêvasser, à simplement “être là”
- Sensation de vide ou de malaise dès que le rythme ralentit
- Inconfort dans les moments creux (transports, files d’attente…)
- Tendance à “remplir” par la consommation, les écrans, les pensées
Ce que cette peur révèle
🧠 Une fuite intérieure
L’ennui ramène à ce qu’on ne veut pas voir : soi-même, ses manques, ses blessures, ses doutes.
🫥 Une mémoire d’inconfort profond lié au silence
Dans certaines enfances, le calme n’était pas apaisant, mais menaçant.
💭 Une association entre repos et inutilité
Se poser, c’est perdre du temps. Ne pas produire, c’est être en danger d’exister “pour rien”.
🔄 Un réflexe de défense mental
Penser à mille choses, c’est éviter de penser à soi.
Conséquences sur la vie psychique
- Épuisement mental, surmenage, burn-out existentiel
- Incapacité à savourer le présent ou à contempler
- Sensation de vide malgré la surcharge d’activités
- Difficulté à s’ancrer, à ressentir profondément
- Appauvrissement du lien à soi, à ses désirs réels
Accompagnements thérapeutiques efficaces
💬 Thérapies existentielles ou d’ancrage
Redonner du sens au vide, au silence, à l’être — non pas au faire.
🧠 Travail sur les peurs associées à l’arrêt
Explorer la question : “Qu’est-ce que je crains de ressentir si je ne fais rien ?”
🧘 Approches corporelles douces
Se reconnecter au rythme naturel du corps pour sortir du mental en boucle.
🎨 Expérimentations sans but : créer, flâner, contempler
Réapprendre à être dans l’inutile fécond, là où l’ennui devient espace.
Conseils pour apprivoiser l’ennui
- Créer des micro-moments de vide (5 minutes sans écran, sans tâche)
- Observer sans agir : une pensée, une émotion, un silence
- S’exposer au “rien” progressivement, avec bienveillance
- Se rappeler que l’ennui peut être une porte d’entrée vers soi
- Lire, écouter, rêver… sans objectif
Conclusion
La phobie de l’ennui n’est pas une paresse déguisée — c’est une peur existentielle profonde. Peur du vide, du non-sens, de l’introspection. Peur de ce que l’on pourrait découvrir en soi.
Mais dans ce vide-là, il y a souvent une voix oubliée. Un désir ancien. Un calme possible. Et parfois, ne rien faire… c’est déjà commencer à se retrouver.
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