Le couple s’installe, doucement. L’autre est là, aimant, stable, prêt·e à construire. Et pourtant, une tension monte. Quelque chose en soi recule, résiste, se contracte. On se surprend à fuir, à saboter, à douter, sans raison apparente. La phobie de l’engagement n’est pas un manque d’amour : c’est la peur de se perdre dans la stabilité, la fusion, la prévisibilité. Le couple devient un terrain glissant, un piège affectif silencieux.
Quand aimer devient synonyme d’aliénation
La peur de l’engagement se manifeste à différentes étapes :
- Dès qu’une relation devient sérieuse, exclusive ou projetée dans le futur
- Au moment de prendre des décisions “symboliques” (emménagement, présentation à la famille…)
- Par un désintérêt soudain ou un retrait dès que l’autre devient plus disponible
- Par un enchaînement de relations courtes ou “impossibles”
- Par une ambivalence chronique : “Je veux être avec toi, mais je me sens étouffé·e”
Symptômes fréquents
- Difficulté à se projeter ou à faire des plans à deux
- Sensation d’être piégé·e, contraint·e, même dans une relation saine
- Recherches de prétextes pour créer de la distance
- Attirance pour des personnes non disponibles émotionnellement
- Culpabilité envers l’autre : “Tu ne mérites pas ça, je ne suis pas fait·e pour aimer”
Ce que cette peur révèle
Une peur de la perte de liberté
L’engagement est vécu comme une menace d’étouffement ou d’enfermement émotionnel.
Une difficulté à vivre la routine émotionnelle
L’intensité du début relationnel peut s’éroder, la stabilité devient anxiogène.
Une mémoire de fusion toxique ou d’attachement contraint
Avoir grandi dans une famille ou une relation où l’amour signifiait sacrifice, contrôle ou dépendance peut laisser des traces.
Une stratégie de fuite anticipée
Mieux vaut partir (ou faire partir l’autre) avant de trop s’attacher.
Conséquences sur la vie relationnelle
- Répétition de schémas d’abandon ou de rupture
- Sentiment d’être “cassé·e” ou incapable d’aimer
- Perte de liens durables malgré un désir profond de partage
- Souffrance partagée : partenaires frustré·es ou incompris·es
- Isolement affectif masqué par une fausse liberté
Accompagnements thérapeutiques efficaces
Thérapies de l’attachement et des schémas précoces
Explorer les croyances inconscientes liées au couple, à l’amour, à la liberté.
Travail identitaire et émotionnel
Mieux connaître qui l’on est en dehors et au sein du lien. Redonner une place stable à la relation sans effacement de soi.
Pratiques de régulation et d’ancrage dans le lien
Apprendre à ressentir la sécurité dans la proximité sans basculer dans la panique.
Approche de couple ou soutien individuel en lien
Nommer les peurs, les expliquer, co-construire un engagement doux, libre, respectueux.
Conseils pour vivre plus sereinement l’engagement
- Prendre le temps : l’engagement n’est pas un saut dans le vide, mais un chemin lent
- Identifier les déclencheurs : projets, demandes, gestes qui réactivent la peur
- Communiquer sans honte : dire “j’ai peur” est un acte d’ouverture, pas une fuite
- S’ancrer dans le présent : l’amour ne se joue pas qu’en projection
- Ne pas confondre liberté et solitude forcée
Conclusion
La phobie de l’engagement n’est pas une incapacité à aimer. C’est une peur du lien trop exigeant, trop absorbant, trop risqué. Elle témoigne d’un besoin intense de liberté, mais aussi d’un désir enfoui de stabilité.
En réconciliant les deux, pas à pas, il devient possible d’aimer sans se perdre. Et de rester libre… en choisissant chaque jour d’être là.
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