Il sort, il sait qu’il va transpirer. Il anticipe déjà la sensation, la trace, l’odeur. Il a prévu un mouchoir, un tee-shirt de rechange, une veste même s’il fait chaud. Il ajuste ses gestes, limite ses mouvements. Il pense à ça tout le temps. Parce que transpirer, pour lui, ce n’est pas juste un fait physique. C’est une angoisse. Une menace relationnelle.
La phobie de la transpiration, c’est le sentiment que le corps déborde, s’impose, dérange — malgré soi.
Quand le corps devient trop visible, trop vivant
Cette peur se manifeste dans :
- Une crainte excessive de transpirer en présence d’autrui
- Des stratégies d’évitement : vêtements amples, lieux frais, trajets courts
- Une anxiété qui… fait transpirer encore plus, créant un cercle vicieux
- Une gêne intense à l’idée que l’autre perçoive son odeur ou ses traces
Symptômes fréquents
- Surveillance constante de l’état du corps (auréoles, odeurs, humidité)
- Malaise dans les transports, réunions, rencontres
- Préparation mentale et matérielle minutieuse avant chaque sortie
- Rigidité corporelle pour limiter les mouvements
- Parfois, isolement social ou désinvestissement affectif
Ce que cette peur révèle
🧠 Une peur du débordement
La transpiration est vécue comme un débordement non contrôlable de soi.
🫥 Une honte corporelle intériorisée
Le corps est perçu comme inacceptable s’il se manifeste.
💭 Une croyance implicite : “Si je transpire, je suis repoussant·e”
Le lien devient conditionné à la “propreté invisible”.
🔄 Un lien entre émotion et transpiration
Stress, excitation, peur… deviennent immédiatement visibles, donc redoutés.
Conséquences sur la vie psychique
- Hypervigilance permanente, épuisement émotionnel
- Diminution de la spontanéité, du plaisir de l’instant
- Perte de confiance en soi dans les espaces publics ou intimes
- Renforcement de l’image d’un corps “incontrôlable”
- Risque de troubles anxieux ou phobiques plus larges
Accompagnements thérapeutiques efficaces
💬 Thérapies cognitivo-comportementales
Travailler sur les croyances et anticipations liées à la transpiration.
🧠 Travail sur la honte corporelle et l’image de soi
Déconstruire le lien : “corps visible = corps rejeté”
🧘 Pratiques d’ancrage et de réhabilitation corporelle
Habiter son corps même en mouvement, même chaud, même vivant.
🎨 Exploration par le mouvement
Danse libre, théâtre, sport en petit groupe… pour oser laisser le corps exister.
Conseils pour apaiser cette peur
- Réaliser que le contrôle absolu du corps est impossible — et inutile
- Expérimenter des lieux “sécures” où transpirer n’est pas jugé (sport, nature…)
- Travailler par petites expositions progressives
- Se rappeler : “La transpiration n’est pas un échec. C’est une fonction.”
- Cultiver une bienveillance active envers son corps vivant
Conclusion
La phobie de la transpiration n’est pas un excès de pudeur. C’est une lutte intérieure contre l’idée d’un corps trop présent, trop organique, trop réel.
Mais derrière cette peur, il y a le désir d’être accepté·e — avec, et non malgré son corps.
Et si le lien devenait justement plus humain, plus profond, plus sincère… quand le corps cesse d’être censuré ?
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