Il ou elle semble bien. Tout se passe bien. Mais quelque chose en soi résiste, freine, anticipe. Un petit doute, une phrase qui résonne : “Ça ne durera pas.”, “Je vais encore tomber de haut.”
Aimer, pour certaines personnes, n’est pas seulement un risque — c’est une certitude qu’à un moment, ça va mal finir. La peur d’être déçu·e s’installe comme un voile entre soi et l’autre. Un filtre pessimiste… mais protecteur.
Quand l’espoir devient un danger émotionnel
Cette peur peut surgir :
- Au début d’une relation jugée “trop belle pour être vraie”
- Dès que l’autre commence à vraiment s’ouvrir ou à s’engager
- Après une histoire qui a mal fini, même plusieurs années plus tôt
- Dans les relations amicales, familiales ou amoureuses
Elle peut être subtile : on sabote, on prend de la distance, on retient ses élans — “au cas où”.
Symptômes fréquents
- Doutes constants, même face à des signaux positifs
- Hypervigilance affective : surveiller chaque mot, chaque changement
- Blocage à l’idée de faire confiance ou de se projeter
- Ruptures ou éloignements prématurés pour “éviter le pire”
- Ruminations internes : “Je vais encore me tromper”, “Je suis naïf·ve”
Ce que cette peur révèle
🧠 Une mémoire de trahison, de chute ou d’abandon
Une confiance offerte, puis trahie… laisse une trace de méfiance durable.
🫥 Une difficulté à tolérer l’incertitude du lien
Aimer, c’est aussi ne pas savoir. Mais pour certain·es, cette incertitude est insupportable.
💭 Une stratégie de contrôle pour éviter la douleur
En restant à distance, on pense se protéger de la déception — quitte à ne rien vivre du tout.
🔄 Un paradoxe émotionnel
On veut vivre quelque chose… mais on redoute déjà la chute.
Conséquences sur la vie relationnelle
- Relations superficielles ou fragmentées
- Sentiment de solitude même en couple
- Difficulté à accueillir ce qui est bon sans le gâcher
- Sensation d’être “froid·e”, “blessé·e”, “fermé·e”
- Culpabilité de ne pas “y croire”, de ne pas faire confiance
Accompagnements thérapeutiques efficaces
💬 Thérapies sur les schémas de déception
Identifier les moments où l’espoir a été brisé, la confiance perdue, et les travailler en profondeur.
🧠 Approche centrée sur la réalité du lien
Apprendre à voir le présent sans systématiquement projeter le passé.
🧘 Ancrage dans le corps et l’instant
Revenir à ce qui est ressenti maintenant, sans l’anticipation du pire.
🤝 Soutien thérapeutique dans la relation
Travailler en duo ou en thérapie individuelle les signaux, les déclencheurs, la peur d’espérer.
Conseils pour apprivoiser la peur de la déception
- Se rappeler que la déception n’est pas la fin du monde, mais une expérience à traverser
- Apprendre à nommer ses craintes avec douceur : “J’ai peur que ça ne tienne, mais j’ai envie d’y croire”
- Célébrer les petits pas de confiance offerts et reçus
- Se donner le droit d’être surpris·e : parfois, ça se passe bien
- S’ouvrir lentement, mais sincèrement : l’élan reste vivant sous la peur
Conclusion
La peur d’être déçu·e, c’est la mémoire d’une chute, d’un vide, d’un effondrement émotionnel. C’est la volonté de ne plus souffrir, quitte à ne plus espérer. Mais l’espoir n’est pas naïveté — c’est un courage doux, un risque choisi.
Et parfois, choisir d’aimer, c’est accepter que ça tienne. Que ça grandisse. Et que ça ne s’effondre pas toujours.
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