Tout semble fluide, banal, quotidien : un escalator qui descend, un couloir de centre commercial, un tunnel piétonnier. Et pourtant, certaines personnes ressentent là une angoisse profonde, immédiate, irrépressible. Ce n’est pas la peur de tomber, ni celle du monde extérieur — mais la peur de ne pas pouvoir sortir, de ne pas voir le bout, de se perdre dans un espace linéaire et oppressant.
Quand la ligne droite devient piège mental
Les lieux concernés sont nombreux, souvent très modernes :
- Escaliers mécaniques (montants ou descendants)
- Couloirs interminables dans les centres commerciaux, hôpitaux, gares
- Passages souterrains, tunnels piétons, allées sans fenêtres
- Parkings couverts, galeries marchandes, zones de transit
Ces espaces partagent une caractéristique commune : ils contraignent le corps à une direction, tout en brouillant les repères spatiaux et temporels.
Symptômes fréquents
- Malaise ou panique au moment d’entrer dans un couloir ou sur un escalator
- Sensation de désorientation ou de perte de contrôle
- Impression que l’espace “ne se termine jamais” ou “se referme”
- Besoin immédiat de faire demi-tour ou de s’arrêter
- Crainte d’être coincé·e, de ne pas pouvoir sortir en cas de crise
Ce que cette peur révèle
🌀 Une angoisse de la trajectoire imposée
Ces lieux symbolisent un mouvement qu’on ne contrôle pas, une avancée inévitable sans possibilité de retour immédiat.
🧠 Une suractivation du système d’alerte spatial
Le cerveau ne voit pas de sortie claire, pas de lumière naturelle, il se met en vigilance extrême, comme en danger.
🫥 Une mémoire sensorielle ancienne
Certains couloirs réveillent inconsciemment des souvenirs d’hôpitaux, de séparation, d’enfermement, de perte.
💬 Une métaphore existentielle
Ces lieux peuvent représenter une vie sans échappatoire, une situation vécue comme étouffante, subie, longue, sans issue.
Conséquences dans la vie quotidienne
- Évitement des centres commerciaux, gares, aéroports, hôpitaux
- Itinéraires détournés pour éviter certains accès
- Fatigue mentale liée à l’anticipation des trajets
- Impression d’être “dépendant·e” d’un accompagnant ou d’une issue visible
- Sentiment d’illégitimité ou de honte face à une peur “invisible” pour les autres
Approches thérapeutiques efficaces
🧠 Thérapies cognitivo-comportementales (TCC)
Exposition graduée à ces lieux avec travail sur les pensées associées et sur les sensations physiques.
💬 Thérapie narrative ou symbolique
Explorer ce que ces espaces évoquent dans l’histoire personnelle ou dans l’imaginaire.
🧘 Techniques de centrage corporel
Marcher lentement en conscience, respirer par le ventre, rester dans le corps plutôt que dans la panique mentale.
🎧 Usage d’objets d’ancrage
Casques, podcasts, parfums rassurants… pour rester connecté·e à soi au sein d’un lieu perçu comme aliénant.
Conseils pour traverser ces lieux avec plus de sécurité intérieure
- Ne pas se forcer à rester seul·e si ce n’est pas encore possible
- Se donner des repères (nombre de pas, objets visuels, temps estimé)
- Entrer dans l’espace avec une intention claire : “je sais où je vais”
- Prévoir une sortie rapide possible (boutique, banc, escalier…)
- Se féliciter après chaque passage réussi, même partiel
Conclusion
La peur des lieux sans issue claire est une phobie souvent silencieuse, masquée par la normalité du décor. Elle dit quelque chose de précieux : le besoin de sécurité, de liberté de mouvement, de respiration intérieure.
Apprendre à retrouver ses repères, à faire confiance au chemin, à ralentir sans fuir, c’est reconquérir non seulement l’espace extérieur, mais aussi sa trajectoire intérieure.
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