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Et si la plus grande peur n’était pas dehors, mais dedans ? Et si le danger ne venait pas de l’autre, mais de soi-même ? Certaines personnes vivent une angoisse intense, diffuse, difficile à formuler : la peur de soi-même. Elle ne concerne pas un geste précis, mais un ressenti profond d’inquiétante étrangeté envers son propre esprit, son corps, ses pensées ou ses pulsions.

Cette peur, existentielle et souvent honteuse, peut devenir une phobie silencieuse : celle de se croiser soi-même, et de ne pas savoir qui on est… ou ce qu’on pourrait devenir.


Quand je ne me reconnais plus

Cette phobie se manifeste par des épisodes de :

  • Doute intense sur ses intentions, ses réactions, ses pensées
  • Peur de mal penser, de nuire, de dire ou faire quelque chose d’irrémédiable
  • Malaise devant son reflet ou sa voix enregistrée
  • Impression de perdre pied face à soi-même, de n’avoir aucun centre stable
  • Besoin d’éviter l’introspection ou le silence par crainte de ce qui pourrait émerger

Symptômes courants

  • Pensées intrusives violentes ou absurdes (et peur de les réaliser)
  • Crise d’identité ou sentiment de scission intérieure
  • Déréalisation, dépersonnalisation
  • Isolement émotionnel, sentiment d’être “dangereux·se” pour soi ou pour les autres
  • Honte de soi, culpabilité excessive sans fondement

Ce que cette peur révèle

🪞 Peur de ses pensées

La personne ne distingue plus clairement pensée, intention et action. Elle craint que penser quelque chose d’inacceptable soit la preuve d’une monstruosité intérieure.

😣 Conflit entre parties internes

Certaines facettes de soi (colère, désir, doute) sont vécues comme étrangères ou menaçantes. Elles sont rejetées, ce qui crée une tension interne.

🧬 Suradaptation ou refoulement

Un passé de contrôle, de perfectionnisme, de déni de soi peut conduire à une inconnaissance profonde de ses émotions réelles.

🧠 Hyperconscience de soi

Trop de lucidité sur son fonctionnement mental peut devenir anxiogène : chaque pensée devient suspecte, chaque émotion potentiellement instable.


Origines possibles

  • Traumatismes psychiques (violence intériorisée, rejet, contrôle mental)
  • Milieu éducatif hypermoralisant ou culpabilisant
  • Trouble obsessionnel (TOC de type moral ou agressif)
  • Expérience de dissociation ou de crise identitaire
  • Épisodes dépressifs ou anxieux mal identifiés

Conséquences

  • Évitement des moments d’introspection (lecture, méditation…)
  • Blocage dans la relation aux autres par peur de se trahir
  • Refus de toute forme de solitude
  • Dévalorisation extrême : « je ne suis pas fiable », « je ne suis pas une bonne personne »
  • Parfois, développement d’addictions ou de suractivité pour “fuir soi-même”

Accompagnements thérapeutiques

💬 Psychothérapie intégrative

Travailler l’accueil de toutes les parties de soi, même les plus sombres, comme humaines, légitimes, soignables.

🧠 Thérapies cognitives centrées sur les pensées obsédantes

Distinguer pensée ≠ action. Comprendre que les pensées n’ont pas de pouvoir en soi.

🧘 Ancrage corporel et compassion envers soi-même

Ramener de la douceur, de la lenteur, de la présence incarnée, là où tout s’emballe mentalement.

🎭 Méthodes projectives ou créatives

Écrire, dessiner, exprimer les parties de soi par symboles pour les apprivoiser peu à peu.


Conseils pour renouer avec soi

  • Parler à voix haute à son “moi intérieur” comme à un enfant vulnérable
  • Se rappeler que la pensée n’est pas un danger
  • Se traiter avec bienveillance active, même dans l’inconfort
  • Se créer un espace d’auto-accueil (carnet, rituel, miroir symbolique…)
  • Lire ou écouter des témoignages similaires : on n’est jamais seul·e dans cette peur
  • Revenir au corps quand l’esprit prend trop de place

Conclusion

La peur de soi est une peur de l’inconnu… mais d’un inconnu intérieur. Elle demande du courage : celui de s’approcher de soi sans fuir, d’explorer ses parts d’ombre sans s’y identifier.

En reconnaissant que toutes nos pensées ne sont pas nous, que toutes nos émotions ne disent pas qui nous sommes, on peut peu à peu retrouver une sécurité intérieure. Et découvrir que l’on peut être son propre refuge, non sa propre menace.

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