Sombre

Recherche


Login

Sign up

Wishlist

Reading list


Helps


Un train entre en tunnel. Le Wi-Fi saute. Plus d’icône réseau. Immédiatement, un vide étrange s’installe. Certains ressentent un léger agacement, d’autres une montée de panique : et si quelqu’un essayait de les joindre ? Et si un message urgent attendait ? Et s’ils devenaient invisibles, oubliés·es, injoignables ? Ce phénomène porte un nom : nomophobie, ou la peur excessive d’être sans son téléphone portable. Plus profondément, c’est la déconnexion involontaire qui déclenche l’angoisse : être inatteignable, inactif·ve, hors réseau.


Hyperconnexion : une dépendance devenue norme

Jamais dans l’histoire humaine un outil n’a été aussi présent dans le quotidien que le smartphone. Il concentre en lui des fonctions vitales : lien social, repères temporels, informations, travail, mémoire, orientation… Une extension de soi, presque un organe.

Débrancher, même quelques minutes, revient parfois à se sentir amputé·e. Dans ce contexte, la peur de la déconnexion n’est plus marginale. Elle touche adolescents, parents, cadres, étudiants, professions médicales… Avec des manifestations diverses, mais souvent intenses.


Symptômes d’une panique numérique

La peur de se déconnecter peut se traduire par :

📶 Un besoin compulsif de vérifier la présence de réseau, même sans usage immédiat.

🔋 Une angoisse disproportionnée liée au niveau de batterie.

📵 Une panique lors de la perte ou l’oubli du téléphone, allant parfois jusqu’à des crises d’angoisse.

📍 Une tendance à éviter les lieux sans couverture réseau : montagne, campagne, métro…

🤯 Une sensation de vide existentiel ou de perte de repères lors de la moindre absence de signal.

Ces réactions relèvent souvent de l’anxiété de séparation numérique : être sans smartphone réveille les peurs primitives de l’isolement, de l’abandon ou de la perte de contrôle.


Derrière l’écran, des besoins humains fondamentaux

Cette phobie touche à des strates profondes du psychisme. La connexion numérique sert de garantie d’appartenance : être connecté·e, c’est être reconnu·e, intégré·e, visible. Se déconnecter, c’est risquer l’oubli, l’effacement, l’exclusion.

Le téléphone rassure aussi sur un autre plan : celui de la maîtrise. On y contrôle l’image que l’on renvoie, on répond quand on veut, on consulte ce qu’on choisit. L’absence de signal représente donc une perte brutale de contrôle, une mise en dépendance de forces extérieures.


Facteurs aggravants

Certaines circonstances renforcent cette peur :

  • Une période de stress ou d’instabilité émotionnelle
  • Un contexte professionnel hyper-sollicitant (astreintes, réactivité attendue)
  • Des expériences passées d’exclusion ou d’abandon
  • Un environnement familial marqué par l’hyperconnexion

Elle peut aussi croiser des troubles existants : trouble anxieux généralisé, phobie sociale, TOC, ou encore dépendance comportementale.


Comment réguler cette angoisse de l’absence ?

🔋 Préparer la déconnexion : prévenir ses proches, planifier une activité hors écran, prévoir un moment de reconnexion rassurante.

🧘‍♀️ S’exposer progressivement : commencer par 10 minutes sans téléphone, puis 30… jusqu’à plusieurs heures. L’idée n’est pas de se forcer brutalement mais de réhabituer le système nerveux à l’absence.

🪴 Réintroduire des pratiques lentes : lecture papier, marche, jardinage, écriture manuelle… Autant d’activités qui reconnectent au réel et apaisent la dépendance à l’immédiateté.

🛠️ Utiliser la technologie de manière protectrice : activer des limites de temps d’écran, programmer des plages de “repos numérique”, éteindre les notifications.

👂 Travailler sur les racines profondes : un accompagnement psychologique peut permettre d’identifier les blessures liées à l’abandon ou au contrôle, souvent tapies derrière cette peur.


Conclusion : se déconnecter pour mieux se retrouver

La peur de se déconnecter n’est pas simplement une pathologie moderne. Elle est le symptôme d’une époque qui valorise la réactivité permanente et la présence constante. Mais derrière elle se cache un besoin de sécurité, de reconnaissance, de continuité. Reprendre la main sur son lien au monde numérique, ce n’est pas renoncer à la connexion — c’est en faire un choix, et non une contrainte.

Découvrir d’autres Publications.

No posts were found.