Il y pense parfois. Une scène, une période, un mot, un silence. Puis il détourne l’attention. Il se lève, il change de sujet, il allume une distraction. Ce passé-là, il ne veut pas le revoir. Il est là, tapi, mais tenu à distance. Comme une pièce fermée à double tour en lui.
Certaines personnes ne craignent pas l’avenir. Elles ont peur de leur passé. Ce qu’il contient, ce qu’il pourrait réveiller, ce qu’il révèle d’elles-mêmes.
Quand une partie de soi devient un terrain interdit
Cette peur se manifeste dans :
- Un évitement conscient ou inconscient de certaines périodes, souvenirs, ou lieux
- Des réactions de panique, de malaise ou de fatigue face à des éléments rappelant ce passé
- Une difficulté à parler de soi avec linéarité ou cohérence
- Des trous de mémoire ou une amnésie émotionnelle partielle
Symptômes fréquents
- Blocages dans le discours autobiographique
- Sensation d’inachevé, de page non tournée
- Somatisations, angoisses diffuses, crises émotionnelles inexpliquées
- Réveil nocturne ou flashs liés à des souvenirs oubliés
- Refus d’aborder certains sujets même en thérapie
Ce que cette peur révèle
🧠 Un passé psychiquement trop intense ou trop chargé
Certains souvenirs n’ont pas pu être intégrés — ils ont été mis de côté pour survivre.
🫥 Une mémoire émotionnelle figée
Le corps et la psyché ont enregistré, mais sans traitement narratif.
💭 Une peur d’être envahi·e par des affects incontrôlables
Pleurer sans fin, trembler, se perdre… voilà ce que l’on imagine.
🔄 Une stratégie de survie devenue prison intérieure
Ce qui protège finit par enfermer.
Conséquences sur la vie psychique
- Fragmentation de l’identité : “Je ne me comprends pas complètement”
- Difficulté à se projeter, à s’engager, à créer du sens
- Sentiment de décalage, d’imposture, de vide
- Relations intimes bloquées par des zones d’ombre
- Risque de reproduction inconsciente de traumatismes non explorés
Accompagnements thérapeutiques efficaces
💬 Thérapies d’intégration douce (EMDR, ICV, thérapies sensorielles)
Approcher le passé sans revivre — en retraçant, en retenant.
🧠 Travail sur les croyances liées au souvenir
Briser l’idée que se souvenir = souffrir ou s’effondrer.
🧘 Ancrage corporel avant et après l’exploration
Préparer le corps à traverser des zones émotionnelles contenues.
🎨 Symbolisation indirecte (dessin, collage, écriture)
Donner forme sans frontalité à ce qui ne peut pas encore être dit.
Conseils pour aborder son passé avec soin
- Nommer ce qui fait peur : “J’ai peur de ce que je vais ressentir si je reviens là.”
- Choisir son rythme : pas de fouille, mais un contact respectueux
- Se rappeler que le passé n’a plus de pouvoir sur le présent
- Accepter de ne pas tout comprendre immédiatement
- Se dire : “Je peux revisiter sans revivre.”
Conclusion
La peur de se confronter à son passé n’est pas une faiblesse — c’est un réflexe de préservation. On évite ce que l’on croit insupportable. Mais parfois, l’ombre que l’on fuit est plus floue que ce qu’on imagine.
Et oser ouvrir cette porte, doucement, accompagné·e, c’est se retrouver entier·e. Pas pour ressasser — mais pour intégrer. Et enfin, avancer.
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