Sombre

Recherche


Login

Sign up

Wishlist

Reading list


Helps


Publier un message, partager une photo, commenter une actualité… Sur les réseaux sociaux, ces gestes sont devenus quotidiens pour beaucoup. Mais pour certaines personnes, ce simple acte devient un déclencheur d’angoisse intense. Ce n’est pas le contenu lui-même qui pose problème, mais la visibilité qu’il implique, l’exposition au jugement, la perte de contrôle sur ce qui va en découler. La phobie de poster, ou peur de s’exprimer en ligne, est une souffrance contemporaine, encore peu reconnue, mais profondément liée à notre besoin de sécurité psychique et relationnelle.


Une peur qui ne dit pas toujours son nom

Cette phobie ne se manifeste pas forcément par une panique brutale. Elle s’exprime souvent par :

  • un évitage récurrent : on écrit, puis on efface, ou on sauvegarde sans jamais publier,
  • une rumination anticipatoire : “Que vont-ils penser ?”, “Est-ce que c’est ridicule ?”,
  • une relecture excessive avant chaque publication,
  • une anxiété post-publication : attendre les réactions avec une tension palpable, voire supprimer très vite le contenu,
  • un blocage total : ne plus rien partager du tout, même dans des espaces privés.

Derrière cela, une même racine : la peur d’être mal perçu·e, de décevoir, ou de faire une erreur publique.


Ce que l’acte de poster active intérieurement

Publier sur les réseaux, c’est :

  • se rendre visible,
  • s’identifier à ses idées ou à son image,
  • perdre le contrôle sur la réception,
  • risquer d’être mal compris·e, critiqué·e, moqué·e.

Pour des personnalités anxieuses, perfectionnistes, ou marquées par des expériences de jugement sévère, cela peut devenir intolérable.


Un monde numérique amplificateur d’angoisse

Le fonctionnement des plateformes sociales aggrave ce phénomène :

  • tout est immédiat,
  • tout est archivable,
  • tout est potentiellement viral,
  • tout est soumis à des réactions publiques ou silencieuses.

On ne sait jamais qui lira, ni comment ce sera interprété. L’environnement numérique devient un théâtre flou, où l’on s’expose sans filet.


Les profils les plus exposés à cette phobie

  • Personnes souffrant de phobie sociale ou de perfectionnisme,
  • Personnes ayant déjà vécu un lynchage numérique, une humiliation en ligne ou une critique violente,
  • Adolescents et jeunes adultes en pleine construction identitaire,
  • Personnes très sensibles au regard d’autrui,
  • Professionnels de l’image, de la parole, du conseil, où chaque mot semble peser lourd.

Ce que cette peur empêche

  • Exprimer ses idées, ses projets, ses opinions,
  • Partager ses créations, ses pensées, ses expériences,
  • Construire un réseau professionnel ou amical,
  • Se rendre visible dans des espaces sociaux-clés,
  • Renforcer sa confiance en soi à travers l’interaction.

La personne s’autocensure, parfois jusqu’à disparaître numériquement, tout en se sentant isolée, exclue, “à côté”.


Des pistes pour apprivoiser cette peur

1. Identifier ce que l’on redoute vraiment → Est-ce le regard ? Le silence ? L’erreur ? Le rejet ?

2. Reprendre le contrôle sur les paramètres → Choisir qui peut voir, limiter les commentaires, poster dans un espace restreint au début.

3. Commencer par des partages “neutres” → Images, articles, citations : se réhabituer à être visible sans s’exposer trop personnellement.

4. Travailler la voix intérieure critique → Qui, en moi, dit que ce que je dis est stupide ou inutile ? Est-ce une voix du passé ?

5. Se donner le droit d’essayer → Un post n’est pas un verdict. Ce n’est pas une performance. C’est un acte de lien, d’expression, parfois de jeu.


Témoignage fictif

“J’ai un compte privé. J’écris souvent des choses que je n’ose jamais publier. Je passe une heure sur une légende, puis je ferme l’application. Parfois, je poste, et je supprime dans la minute. J’ai peur qu’on me juge, qu’on se moque, qu’on pense que j’exagère. Alors je préfère me taire. Mais ça me frustre. J’ai l’impression de ne pas exister vraiment.”
— Jonas, 28 ans


En conclusion

La peur de poster est bien plus qu’une timidité numérique. C’est une phobie de l’exposition, une tension entre le désir de lien et la peur du rejet, entre le besoin de s’exprimer et la terreur d’être mal interprété·e. Dans un monde où la parole se diffuse instantanément, il est essentiel de réhabiliter la lenteur, la précaution, mais aussi le droit de s’essayer, d’être maladroit·e, d’être vivant·e.

Découvrir d’autres Publications.

No posts were found.