La mémoire sémantique est un pilier fondamental de la cognition humaine. Elle nous permet de stocker et d’organiser les connaissances générales sur le monde : les mots, les concepts, les règles grammaticales, les catégories d’objets et les relations entre eux.
Contrairement à la mémoire épisodique, qui est ancrée dans une expérience personnelle, la mémoire sémantique est décontextualisée : elle contient des informations générales sur le monde qui sont accessibles indépendamment du moment et du lieu d’apprentissage.
Dans cet article, nous allons explorer le fonctionnement de la mémoire sémantique, son rôle dans la compréhension du langage, les structures cérébrales impliquées et les troubles associés.
1. Qu’est-ce que la mémoire sémantique ?
1.1. Définition de la mémoire sémantique
La mémoire sémantique est une composante de la mémoire à long terme qui stocke : Des connaissances générales → Capitales du monde, lois scientifiques, événements historiques.
Des concepts abstraits → La notion de justice, de bonheur, de liberté.
Des catégories d’objets → Reconnaître un chat comme un animal domestique.
Des règles linguistiques → Conjugaison, syntaxe, grammaire.
Exemple : Savoir que Paris est la capitale de la France relève de la mémoire sémantique.
1.2. Différence entre mémoire sémantique et mémoire épisodique
Mémoire sémantique | Mémoire épisodique |
---|---|
Connaissances générales | Souvenirs personnels |
Indépendante du contexte | Contextualisée dans le temps et l’espace |
Accessible en permanence | Liée à une récupération volontaire |
Exemple : savoir ce qu’est un chien | Exemple : se souvenir du jour où on a adopté un chien |
Exemple : Connaître la définition d’un mot relève de la mémoire sémantique, tandis que se souvenir de la première fois qu’on l’a entendu relève de la mémoire épisodique.
1.3. Mémoire sémantique implicite vs explicite
Mémoire explicite → Récupération consciente d’une information (exemple : « Quelle est la capitale de l’Italie ? »).
Mémoire implicite → Connaissance activée automatiquement (exemple : comprendre automatiquement le sens d’une phrase).
Exemple : Reconnaître un visage familier sans se rappeler où on l’a vu mobilise la mémoire implicite.
2. Les structures cérébrales impliquées dans la mémoire sémantique
2.1. Le cortex temporal médian
Le cortex temporal médian joue un rôle clé dans la formation et le stockage des connaissances générales : Organisation des concepts en catégories.
Activation des connaissances lors d’une tâche cognitive.
Association des mots à des images mentales.
Exemple : Se rappeler le nom d’un animal en voyant son image mobilise le cortex temporal médian.
2.2. Le cortex préfrontal
Le cortex préfrontal régule l’accès à la mémoire sémantique : Sélection des informations pertinentes.
Filtrage des associations erronées.
Contrôle de l’inhibition des réponses automatiques.
Exemple : Lorsqu’on demande « Quelle est la capitale de l’Allemagne ? », le cortex préfrontal oriente la recherche vers la réponse correcte (Berlin).
2.3. Le gyrus angulaire
Le gyrus angulaire est impliqué dans la compréhension du langage et le traitement des symboles : Traduction des mots en concepts.
Activation rapide des connaissances associées.
Traitement des métaphores et des doubles sens.
Exemple : Comprendre l’expression « avoir la tête dans les nuages » mobilise le gyrus angulaire.
3. Les fonctions de la mémoire sémantique
3.1. Accès au lexique
La mémoire sémantique permet d’associer un mot à un concept : Reconnaître un mot écrit ou entendu.
Sélectionner le mot approprié en fonction du contexte.
Accès rapide à la signification d’un terme.
Exemple : Entendre le mot « chat » et comprendre qu’il s’agit d’un animal domestique.
3.2. Construction du sens
La mémoire sémantique permet de construire une représentation mentale du monde : Organisation des concepts en réseaux associatifs.
Capacité à faire des analogies.
Résolution d’ambiguïtés linguistiques.
Exemple : Si quelqu’un dit « La maison est froide », le cerveau comprend à la fois la température et l’ambiance.
3.3. Apprentissage des règles du langage
La mémoire sémantique est essentielle pour : Maîtriser le vocabulaire.
Comprendre la grammaire et la syntaxe.
Intégrer les règles de conjugaison.
Exemple : Un enfant apprend progressivement à conjuguer le verbe « aller » grâce à la mémoire sémantique.
4. Troubles de la mémoire sémantique
4.1. Maladie d’Alzheimer
Détérioration progressive du réseau sémantique.
Difficulté à nommer des objets et à accéder au lexique.
Perte des connaissances générales.
Exemple : Une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer pourrait ne plus se souvenir du nom d’un fruit.
4.2. Démence sémantique
Atrophie du lobe temporal.
Altération de la capacité à catégoriser des objets.
Trouble de la compréhension des mots.
Exemple : Ne plus savoir qu’un « chat » est un animal.
4.3. Aphasie anomique
Difficulté à retrouver le nom d’un objet ou d’une personne.
Maintien des connaissances générales.
Trouble du rappel lexical.
Exemple : Savoir ce qu’est une « table » mais être incapable de dire le mot.
Conclusion
La mémoire sémantique est le répertoire de toutes nos connaissances générales. Elle nous permet de comprendre le langage, de nommer les objets et de structurer nos idées. Lorsqu’elle est altérée, le langage, la compréhension et la capacité à interagir avec le monde en sont profondément affectés.
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