Dans le monde réel, on doute.
Dans le monde virtuel, on gagne.
On est stratège, leader, héros ou héroïne.
On brille là où, parfois, on se sent invisible ailleurs.
Les jeux vidéo peuvent offrir une véritable bulle d’estime de soi. Et c’est une de leurs forces. Mais cette estime virtuelle peut aussi devenir une béquille fragile, voire une dépendance identitaire.
Explorons ce lien complexe entre image de soi, besoin de reconnaissance, et usage excessif du jeu.
Pourquoi les jeux vidéo nourrissent l’estime de soi
1. Ils offrent un cadre de réussite clair
Objectifs, missions, niveaux : on sait ce qu’on doit faire, et on voit rapidement les résultats.
2. Ils donnent une valeur visible
Points, trophées, grades, classements : autant de signes extérieurs de progression.
3. Ils permettent d’incarner une version idéalisée de soi
Via l’avatar, on peut être :
- Plus fort·e
- Plus rapide
- Plus charismatique
- Plus reconnu·e
4. Ils créent un sentiment d’appartenance
Guildes, équipes, communautés : le joueur trouve une place sociale valorisée, parfois absente dans la vraie vie.
Le basculement vers une dépendance identitaire
Mais quand la valorisation virtuelle devient la seule source de confiance en soi, des risques apparaissent :
- Difficulté à se sentir compétent·e hors du jeu
- Évitement des situations sociales réelles jugées “dévalorisantes”
- Construction d’une estime de soi conditionnée à la performance en ligne
- Peur de l’échec dans la vie réelle → repli dans le jeu
- Comparaison permanente aux autres joueurs
Le jeu n’est plus un plaisir : il devient un refuge contre l’insécurité intérieure.
Témoignages silencieux
“Je me sens bien dans le jeu. Mais en dehors, je suis vide.”
“Quand je gagne, j’ai l’impression d’exister. Sinon… j’ai du mal à me supporter.”
“Je suis respecté dans ma guilde. Dans la vraie vie, personne ne me connaît.”
Ces paroles révèlent un besoin profond de reconnaissance, de confiance, de sécurité… que le jeu seul ne peut combler durablement.
Comment rééquilibrer la relation au jeu
1. Reconnaître ce que le jeu m’apporte vraiment
Estime ? Plaisir ? Lien ? Contrôle ? Évasion ?
Mettre des mots sur les bénéfices réels, c’est reprendre du pouvoir.
2. Se demander : où puis-je retrouver cette valeur ailleurs ?
→ Par exemple, dans une activité créative, un sport, un projet concret, un engagement collectif
3. Séparer l’avatar de l’estime réelle
“Ce que je réussis dans le jeu montre des compétences réelles… mais je ne suis pas que mon niveau ou mon personnage.”
4. Travailler l’estime de soi en dehors du jeu
Avec un·e thérapeute, un journal, un cercle de parole. Apprendre à se valider autrement.
5. Poser des temps d’arrêt pour observer
→ “Comment je me sens quand je ne joue pas ?”
→ “Qu’est-ce qui me manque ?”
En conclusion
Le gaming peut être un puissant levier de valorisation. Il peut révéler des forces, des talents, des ressources. Mais il ne doit pas devenir le seul miroir de la valeur personnelle.
Construire une estime de soi stable, c’est sortir de la performance, du score, du classement… pour revenir à soi, dans toute sa complexité et sa richesse.
Car au fond, vous n’êtes pas qu’un avatar. Vous êtes bien plus vaste.
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