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Il y a ces jours où l’on est épuisé, physiquement vidé.
Le corps réclame le calme, les yeux se ferment… mais quelque chose continue à bouger. Une jambe qui tremble, une main qui tripote un vêtement, un souffle rapide, une incapacité à s’étendre vraiment.

Cette agitation paradoxale, où le corps est à bout mais reste en action, interroge profondément notre rapport au stress, au relâchement, et à notre système nerveux. Pourquoi n’arrivons-nous pas à nous poser, même quand nous en avons désespérément besoin ?


Ce paradoxe invisible : entre tension et épuisement

On imagine que la fatigue devrait naturellement entraîner le repos. Pourtant, de nombreuses personnes décrivent un état d’“épuisement agité” :

  • Elles n’ont plus de force, mais ne tiennent pas en place
  • Elles ne trouvent pas le sommeil, malgré la lassitude
  • Elles sont physiquement ralenties, mais mentalement accélérées
  • Elles s’effondrent… et se redressent aussitôt

Ce décalage entre le niveau d’énergie réel et l’activité motrice persistante s’explique par des mécanismes physiologiques et psychologiques précis.


Mécanismes corporels : ce que dit le corps en mouvement

🔥 1. L’effet de suractivation prolongée

Lorsqu’une personne subit un stress chronique ou une période de tension prolongée, son système nerveux sympathique reste activé, même une fois la phase de lutte passée.

Le corps continue de produire des signaux d’alerte, même quand l’esprit sait qu’il est temps de se reposer.

C’est un peu comme une voiture qui, moteur éteint, continue de vibrer et de chauffer : la décharge ne s’est pas encore produite.

⚙️ 2. La mémoire musculaire de la tension

Des études ont montré que les muscles, même au repos apparent, peuvent garder une charge tonique élevée.
Cela signifie que le corps reste contracté à bas bruit, prêt à l’action, même si la volonté n’est plus là.

Cela se traduit par :

  • Des micro-mouvements
  • Des crispations
  • Une respiration saccadée
  • Une impossibilité à rester allongé longtemps
🧠 3. Un cerveau en boucle

Quand la fatigue s’installe, le cerveau peut paradoxalement augmenter le flux de pensées, comme un système qui tente de “traiter tout ce qui n’a pas été digéré”.

Ce flot mental entretient l’agitation corporelle, créant un cercle vicieux :

Pensées ↔ Mouvements ↔ Incapacité à se poser ↔ Épuisement ↔ Pensées…


Ce que cache cette agitation résiduelle

Sous cette agitation, on retrouve souvent :

  • Une difficulté à lâcher prise
  • Une culpabilité à s’arrêter
  • Une peur du vide ou de la déconnexion
  • Une hypervigilance émotionnelle : “si je me relâche, je vais m’effondrer”
  • Un conditionnement ancien : valorisation de l’effort, peur de paraître faible

Ces freins sont d’autant plus puissants qu’ils sont silencieux. La personne ne comprend pas toujours ce qui se joue. Elle dit souvent :

  • “Je ne comprends pas pourquoi je ne me repose pas”
  • “Je suis lessivé·e, mais je ne tiens pas en place”
  • “Je voudrais dormir, mais je suis agité·e dans mon lit”

Témoignage fictif : Carole, 43 ans, aide-soignante

“Je suis à bout. Mes jambes sont lourdes, mes bras aussi. Mais je tourne en rond dans la maison. Je vais de pièce en pièce sans but. Et quand je m’assieds, je me lève deux minutes après. Mon corps ne sait plus s’arrêter.”

Carole vit un épuisement cumulatif. Elle est passée en mode automatique depuis des mois. Son système nerveux n’a pas encore enregistré qu’elle peut enfin ralentir.


Les conséquences de cette agitation malgré la fatigue

Sur le plan psychocorporel, cette situation peut entraîner :

  • Des douleurs musculaires diffuses
  • Des troubles du sommeil persistants
  • Une perte de la sensation de repos, même après des pauses
  • Une tension digestive, des maux de tête
  • Une forme de “burn-out corporel”, moins visible que le burn-out émotionnel

Mais aussi, sur le plan émotionnel :

  • Une perte de confiance dans sa capacité à se régénérer
  • Une honte (“je suis cassé·e”)
  • Un sentiment de déréalisation ou de flottement (“je me sens à côté de moi-même”)

Comment réconcilier corps fatigué et besoin de relâchement

Voici des pistes concrètes pour sortir de cet état d’agitation persistante :

  1. Ne pas forcer le repos immédiat
    • Le corps ne se pose pas sur commande. Commencer par ralentir doucement.
  2. Introduire des gestes de relâchement progressif
    • Auto-massages, étirements doux, bercements
    • Mouvement lent + respiration synchronisée
  3. Accueillir l’agitation comme un signal
    • Plutôt que de lutter contre elle, lui parler : “Tu es encore là. Tu veux me protéger. Mais maintenant, je vais t’écouter autrement.”
  4. Créer des transitions vers le repos
    • Rituel du soir : musique lente, lumière tamisée, boisson chaude
    • Micro-temps entre les tâches pour désamorcer l’automatisme moteur
  5. Consulter en cas de blocage durable
    • Certaines formes d’agitation sont liées à des traumatismes, des syndromes de stress post-traumatique ou des dérèglements neurobiologiques. Un suivi psychocorporel peut être bénéfique.

Conclusion : S’arrêter est un apprentissage

Il ne suffit pas d’être fatigué pour savoir se reposer.
Parfois, le corps a besoin d’un temps de transition, d’une rééducation au calme. Il faut réapprendre à l’écouter, à le relâcher, à lui redonner la sensation de sécurité intérieure.

Et si l’agitation persiste même dans l’épuisement, ce n’est pas un échec. C’est un message. Un appel. Une mémoire qui demande à être entendue, doucement, jusqu’à ce que le calme redevienne possible.

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