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L’image classique de l’alcoolique — désocialisé, instable, en souffrance visible — occulte une réalité bien plus fréquente qu’on ne l’imagine : celle de l’alcoolisme fonctionnel.
Une personne qui travaille, gère ses responsabilités, échange avec fluidité… mais boit tous les jours, en cachette ou sous contrôle apparent. Une forme d’addiction masquée, difficile à détecter — et parfois même à reconnaître soi-même.

Plongée dans cette zone grise où l’alcool ronge… sans faire de bruit.


Qu’est-ce qu’un alcoolisme fonctionnel ?

On parle d’alcoolisme fonctionnel quand une personne :

  • Boit régulièrement et en quantité significative
  • Ne présente pas de signes extérieurs évidents de “perte de contrôle”
  • Continue de remplir ses obligations sociales, professionnelles et familiales
  • N’est que rarement confrontée à des remarques ou à une intervention de l’entourage

Mais derrière cette façade de maîtrise, la dépendance est bien réelle.


Pourquoi c’est difficile à identifier (et à admettre)

Parce que tout “fonctionne”. Le piège est là.
La personne se dit :

  • “Je ne bois pas le matin.”
  • “Je travaille bien, je n’ai pas de problème.”
  • “Je gère ma vie, donc je ne suis pas dépendant·e.”

Mais ce raisonnement repose sur une idée erronée de ce qu’est une addiction. Car la dépendance n’est pas toujours spectaculaire. Elle peut être rationnelle, intégrée, compensée, mais néanmoins toxique.


Les signes subtils de l’alcoolisme fonctionnel

  • Besoin de boire tous les soirs “pour se détendre”
  • Pensée récurrente à l’alcool en fin de journée
  • Quantités qui augmentent lentement, insidieusement
  • Justifications fréquentes : “je mérite bien”, “tout le monde fait pareil”
  • Événements ou émotions difficilement vécus sans alcool
  • Culpabilité ou agacement quand on essaie de limiter

Les risques invisibles

Même sans “déraillement” visible, l’alcool a un impact :

  • Sur la mémoire et la concentration
  • Sur l’humeur (irritabilité, fatigue chronique)
  • Sur le sommeil, souvent perturbé malgré la sensation d’endormissement
  • Sur les organes, avec une usure lente et silencieuse
  • Sur la relation à soi, avec une forme de dissonance intérieure

Pourquoi cette forme d’addiction dure longtemps

Parce qu’elle ne provoque pas de crise immédiate. Elle n’oblige pas à agir.
Elle s’installe lentement, dans un climat de justification permanente. Le regard des autres ne l’alerte pas, parfois même l’encourage (“tu tiens bien l’alcool !”).

Et la personne finit par se couper de ses propres signaux d’alerte.


Que faire quand on se reconnaît ?

1. Nommer sans dramatiser
Il est possible de dire : “J’ai une consommation qui me dérange” sans se dire “je suis alcoolique”.
Nommer, c’est ouvrir un espace de réflexion, pas se condamner.

2. Expérimenter des pauses
Une semaine sans alcool peut révéler la place psychologique qu’il occupait. Ce n’est pas un test de volonté, mais un outil d’éclairage.

3. Se confier à un professionnel
Un·e psychologue ou addictologue peut aider à explorer les mécanismes émotionnels derrière cette consommation “gérée”.

4. Accepter la complexité
Il est possible d’être brillant·e, fort·e, aimant·e… et dépendant·e. Cela ne retire rien à votre valeur. C’est un appel au soin, pas un jugement.


En conclusion

L’alcoolisme fonctionnel est une addiction masquée, qui joue avec les apparences. Il ne détruit pas tout d’un coup, mais grignote lentement l’espace intérieur, l’énergie mentale, la qualité de vie.
Le reconnaître, c’est ne plus attendre que tout s’effondre. C’est choisir d’agir pendant qu’il en est encore temps. Avec lucidité. Et avec bienveillance envers soi.

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