Dans une salle de classe tranquille, un enfant se lève, se balance, tourne sur lui-même, s’assoit à moitié, se redresse aussitôt. Il n’est ni agressif, ni désobéissant. Il bouge, sans cesse. Et ce mouvement devient rapidement le centre de toutes les attentions.
Cette agitation corporelle soulève des interrogations : est-ce un trouble ? Une demande d’attention ? Un simple tempérament ?
Pourtant, l’agitation physique chez l’enfant est souvent un langage corporel, une tentative d’adaptation ou un signal plus profond.
L’agitation motrice de l’enfant : une définition
On parle d’agitation motrice chez l’enfant lorsqu’il présente :
- Une incapacité à rester assis ou concentré longtemps
- Des mouvements incessants, même dans des contextes calmes
- Une besoin de bouger même sans raison apparente
- Des gestes parasites (tripoter des objets, se balancer, se lever, etc.)
Elle peut être ponctuelle ou constante, légère ou intense, tolérée ou stigmatisée. Ce qui importe, c’est ce qu’elle signifie.
Des causes multiples : un symptôme à décoder
🧠 Maturation neurologique
Le cerveau de l’enfant est encore en développement. Le contrôle moteur, la régulation de l’attention et des émotions se construisent avec l’âge. Il est donc normal que certains enfants bougent plus, surtout entre 3 et 7 ans.
💥 Stress ou insécurité émotionnelle
Certains enfants bougent pour ne pas exploser, pour évacuer une tension qu’ils ne peuvent pas encore verbaliser. Le mouvement devient stratégie de régulation émotionnelle.
🌪️ Hypersensibilité sensorielle
Un enfant très sensible aux bruits, lumières, odeurs, tissus… peut être agité non pas par agitation psychique, mais pour gérer son inconfort corporel.
⚙️ TDAH ou troubles neurodéveloppementaux
Dans certains cas, l’agitation motrice s’inscrit dans un cadre plus global : déficit de l’attention, impulsivité, difficultés de planification, coordination ou inhibition.
Ce que l’agitation motrice n’est pas
- Ce n’est pas un caprice
- Ce n’est pas un manque d’éducation
- Ce n’est pas une provocation
C’est une forme de langage corporel, souvent inconsciente. Et comme tout langage, elle mérite d’être écoutée avant d’être corrigée.
À la maison, à l’école : quand devient-elle problématique ?
L’agitation devient préoccupante lorsqu’elle :
- Empêche l’enfant de suivre en classe
- Génère du rejet social ou des conflits
- Persiste malgré un environnement apaisé
- S’accompagne d’une souffrance visible (colère, fatigue, isolement)
Comment accompagner un enfant agité physiquement ?
- Observer sans juger : Quels moments ? Quelles situations déclenchent les mouvements ?
- Créer des temps de décharge : autoriser le mouvement (courtes pauses, parcours moteur, assise mobile).
- Mettre des mots sur le corps : “Tu as besoin de bouger ?”, “Ton corps est plein d’énergie ?”, “Tu veux marcher un peu ?”
- Favoriser des activités corporelles structurantes : danse, arts martiaux, sport doux, yoga enfant.
Une autre approche : voir le mouvement comme une compétence
Bouger, c’est aussi :
- Avoir de l’énergie
- Être curieux
- Être sensible à son environnement
- Ressentir pleinement son corps
Il est possible de transformer l’agitation en ressource, en l’accompagnant plutôt qu’en la réprimant.
Ce qu’on peut retenir
- L’agitation motrice chez l’enfant est fréquente et multifactorielle.
- Elle demande une écoute fine et bienveillante, pas une sanction réflexe.
- Avant de la considérer comme un trouble, il faut l’interpréter comme un signal de l’enfant.
- Chaque enfant a son propre “langage du corps”, et apprendre à le décoder est une clé précieuse de compréhension.
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