Un post publié, et le cœur s’accélère. Pas à cause de ce qu’on a partagé, mais de ce qui va (ou ne va pas) arriver après. Les likes, les cœurs, les réactions… Chaque notification devient une source de soulagement ou de stress. Quand l’attente du retour numérique se transforme en tension permanente, en obsession, en besoin vital, on entre dans un territoire peu visible mais très réel : l’angoisse du like. Entre dépendance à la validation et peur du vide digital, cette phobie contemporaine interroge profondément notre rapport à l’image de soi.
Une attente émotionnelle qui prend toute la place
L’angoisse du like, ce n’est pas juste vouloir “plaire”. C’est vivre :
- une attente intense après chaque publication,
- une vérification compulsive des retours (rafraîchir la page, rouvrir l’appli, checker les vues),
- une déception profonde si le post “ne marche pas”,
- un désespoir latent si les retours sont absents ou faibles,
- un retrait temporaire des publications si les résultats ne sont pas à la hauteur.
Le problème, ce n’est pas le nombre de likes. C’est ce qu’on projette dessus.
Ce que représente un like pour l’esprit
Dans un monde ultra-connecté, un like n’est pas anodin. Il devient :
- un signe de reconnaissance,
- une preuve d’existence sociale,
- une confirmation qu’on est digne d’attention,
- une source directe de valorisation narcissique.
Sans cela, le doute s’installe :
“Mon post est nul.”
“Personne ne s’intéresse à moi.”
“J’ai été trop moi-même, et ça ne plaît pas.”
“Je n’ai pas ma place ici.”
Une dépendance à la validation numérique
L’angoisse du like peut ressembler à une addiction comportementale :
- cycle excitation → attente → soulagement ou chute,
- obsession du bon moment pour publier,
- surinvestissement dans l’image, les mots, la fréquence,
- besoin d’amplifier pour continuer à “attirer”,
- baisse de l’estime de soi en cas de non-réponse.
L’identité devient dépendante de ce miroir social biaisé et capricieux.
Les profils les plus vulnérables
- Adolescents et jeunes adultes en construction identitaire,
- Personnes avec estime de soi fragile ou instable,
- Profils hypersensibles ou perfectionnistes,
- Individus ayant vécu un rejet social, une humiliation publique ou une rupture affective,
- Créateurs ou professionnels de la visibilité numérique (influenceurs, entrepreneurs, artistes…).
Ce que cette angoisse empêche
- Partager librement, sans stratégie ou pression,
- Être soi-même en ligne, au lieu de chercher à plaire,
- Distinguer valeur personnelle et popularité,
- Se détacher des fluctuations numériques,
- Vivre le numérique comme un espace de jeu ou d’échange, plutôt que de compétition ou d’évaluation.
Des pistes pour sortir de cette spirale
✅ 1. Identifier la pensée derrière le like → Est-ce que je cherche de la reconnaissance ? De l’amour ? De la preuve que j’existe ?
✅ 2. Créer des publications sans retour immédiat → Désactiver les likes ou les cacher. Poster pour dire, pas pour obtenir.
✅ 3. Réduire le temps passé à observer les réactions → Supprimer l’appli temporairement, activer le mode avion après avoir posté.
✅ 4. Revenir à l’intention initiale → Pourquoi je partage ? Qu’est-ce que je veux vraiment dire ? À qui ?
✅ 5. Travailler l’estime de soi hors ligne → Parce qu’aucun cœur numérique ne compensera le manque d’amour intérieur.
Témoignage fictif
“J’ai posté une photo de moi en week-end. Pendant une heure, je n’ai pas bougé. Je rafraîchissais l’écran toutes les minutes. Je n’ai eu que quelques likes, et j’ai commencé à douter de tout : mon look, ma légitimité, même mon cercle d’amis. C’est ridicule, je le sais, mais c’est plus fort que moi. J’ai fini par supprimer le post.”
— Élise, 25 ans
En conclusion
L’angoisse du like est le symptôme d’un besoin profond : celui d’être reconnu·e, validé·e, aimé·e. Mais la validation digitale est instable, volatile, souvent vide de lien réel. S’en détacher, ce n’est pas se couper du monde — c’est réapprendre à s’évaluer autrement, à partager avec sincérité, à se construire à l’intérieur plutôt que dans les pixels.
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