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Un mail non relu, un chiffre approximatif, un oubli dans un dossier. Pour beaucoup, ce sont des incidents mineurs. Pour d’autres, ce sont des déclencheurs d’angoisse, de honte, voire de panique. Dans le monde professionnel, l’erreur est parfois perçue comme une faute grave, un risque pour l’image, pour la place, pour la sécurité. La peur de mal faire au travail devient alors une phobie sociale déguisée, nourrie par la pression, le besoin de reconnaissance… et une idée bien ancrée : “Si je me trompe, je suis foutu·e.”


Une pression qui ne s’éteint jamais

Dans un contexte professionnel souvent exigeant, rapide et compétitif, la peur de faire une erreur peut s’intensifier jusqu’à devenir chronique. Elle se traduit par :

  • une hypervigilance permanente : relire, vérifier, valider, confirmer, contrôler,
  • une auto-censure constante : ne pas oser proposer, questionner ou improviser,
  • une crainte du retour : mail non répondu, silence du supérieur, note descendue,
  • une rumination après chaque tâche : “Ai-je bien fait ? Est-ce que j’ai oublié quelque chose ?”

Le lieu de travail devient un espace de tension plus que de collaboration.


L’erreur comme menace existentielle

Ce qui rend cette peur si forte, c’est l’interprétation sous-jacente :

Erreur = danger professionnel
Erreur = perte de crédibilité
Erreur = punition, rejet ou humiliation

La personne ne voit plus son erreur comme une étape normale du travail, mais comme un symbole de son incompétence supposée, une faute presque morale. Cela peut découler :

  • d’un environnement très normatif (culture du zéro défaut),
  • d’un passé scolaire marqué par la peur de l’échec,
  • d’une personnalité perfectionniste, anxieuse, en quête de validation,
  • d’un traumatisme professionnel (licenciement, blâme public, remarque humiliante).

Ce que cette peur entraîne

  • Burn-out par surinvestissement : travail jusqu’à l’épuisement pour éviter toute erreur,
  • Blocages professionnels : refuser des promotions, éviter les responsabilités, rester invisible,
  • Isolement au travail : peur de collaborer, de déléguer, de montrer une faille,
  • Hypercontrôle sur les autres : tout surveiller pour éviter que l’erreur vienne d’eux,
  • Perte de plaisir, d’engagement et de créativité.

Une peur parfois renforcée par l’entreprise elle-même

Dans certains contextes, l’erreur est réellement mal vue :

  • politique du “name and shame”,
  • blâme individuel plutôt que correction collective,
  • manque de droit à l’expérimentation ou à la discussion ouverte.

Ce climat favorise la peur, l’auto-censure, la suradaptation, et empêche l’apprentissage collectif.


Comment sortir de cette spirale

1. Redéfinir l’erreur comme partie intégrante du travail → Il n’y a pas de progression sans essai, donc sans erreur. L’erreur n’est pas l’échec. C’est un signal.

2. Travailler l’estime de soi professionnelle → Ce que je fais n’est pas ce que je suis. Une erreur ne définit pas ma valeur.

3. Communiquer et s’ouvrir au retour sans surinterprétation → Un retour critique n’est pas un rejet. Un silence n’est pas un désaveu.

4. Prendre du recul sur les enjeux → Quelle est la réelle conséquence de cette erreur ? Est-ce rattrapable ? Est-ce proportionné ?

5. Être accompagné·e si besoin → Un accompagnement thérapeutique ou en coaching professionnel peut aider à restaurer une posture plus juste et plus sereine.


Témoignage fictif

“Quand je fais un mail, je le relis cinq fois. Et même après l’avoir envoyé, je vérifie s’il est bien parti. Une fois, j’ai laissé une faute dans une note interne, et j’ai eu une boule au ventre toute la journée. Je ne veux pas qu’on pense que je suis incompétente. Même si on ne me le dit pas, j’ai l’impression que tout le monde le voit.”
— Maëlle, 31 ans


En conclusion

La peur de mal faire au travail est bien plus qu’un stress “normal”. Lorsqu’elle devient obsessionnelle, elle détruit la confiance, bride les talents, use les corps. Apprendre à s’autoriser à essayer, à rater sans s’effondrer, à exister sans validation constante, c’est aussi retrouver le sens du travail comme espace d’apprentissage et de collaboration — pas seulement de performance.

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