Ils sont là. Ils répondent. Ils sourient. Et pourtant, on a peur. Une peur sourde, profonde, irrépressible : celle qu’ils partent. Qu’ils s’éloignent. Qu’ils se détachent sans prévenir. La peur d’être abandonné·e ne s’éteint pas avec la présence de l’autre. Au contraire : plus le lien s’installe, plus l’angoisse monte.
Aimer, pour celles et ceux qui portent cette peur, devient un terrain instable, une tension constante entre la joie du lien… et la panique de sa possible disparition.
Quand la relation devient une alerte permanente
Cette peur se manifeste dans de nombreux contextes :
- Inquiétude excessive quand l’autre tarde à répondre
- Besoin constant d’être rassuré·e, validé·e, réassuré·e
- Hypersensibilité au moindre changement de ton ou de rythme
- Crises de panique ou de tristesse anticipée : “Il va/elle va partir”
- Difficulté à faire confiance à la continuité du lien
Même dans une relation stable, la menace d’abandon reste présente, intérieure, irrépressible.
Symptômes fréquents
- Sentiment d’insécurité relationnelle chronique
- Attitudes de dépendance affective ou de contrôle inconscient
- Ruptures fréquentes “par précaution” ou par panique
- Ambivalence : peur d’être abandonné·e mais aussi peur d’étouffer l’autre
- Sentiment d’indignité : “Je ne mérite pas qu’on reste”
Ce que cette peur révèle
🧠 Une blessure précoce d’abandon réel ou symbolique
Absence affective, séparation brutale, parent distant ou instable… peuvent avoir inscrit en profondeur une peur de la perte.
🫥 Une représentation instable de soi dans le lien
On se perçoit comme “aimable” uniquement si l’autre est là, présent, constant.
💭 Une croyance inconsciente : l’amour ne dure jamais
“À un moment, on me quitte. Toujours.”
🔄 Un comportement paradoxal
On cherche l’attachement fort… mais on le met en péril à force de doute et de besoin.
Conséquences sur la vie affective
- Relations fusionnelles ou dépendantes
- Épuisement émotionnel de soi… et de l’autre
- Auto-sabotage relationnel : jalousie, contrôles, repli
- Difficulté à construire une intimité stable
- Sentiment d’être “trop”, “fragile”, “à part”
Accompagnements thérapeutiques efficaces
💬 Thérapies centrées sur l’attachement
Travailler sur la sécurité intérieure, la stabilité du lien, même en l’absence physique.
🧠 Thérapies des schémas précoces
Explorer les expériences de séparation, les figures parentales, les messages intégrés depuis l’enfance.
🧘 Pratiques d’auto-réassurance et d’apaisement
Apprendre à se rassurer sans attendre systématiquement l’autre, développer une sécurité affective interne.
🤝 Approche de couple ou thérapie individuelle
Nommer ses besoins avec justesse, sortir du cycle de la peur et du contrôle.
Conseils pour apaiser la peur de l’abandon
- Se rappeler que l’absence momentanée ne signifie pas désamour
- Apprendre à attendre sans construire un scénario catastrophe
- Partager sa peur avec l’autre, sans accusation : “Quand je n’ai pas de nouvelles, je panique un peu”
- Travailler la stabilité intérieure : rituels, ancrage, projets personnels
- Se féliciter de chaque moment de lien vécu sans panique
Conclusion
La peur d’être abandonné·e n’est pas une faiblesse : c’est une mémoire affective, une blessure d’attachement, un manque de sécurité intérieure. Elle peut faire vaciller des relations autrement belles.
Mais cette peur peut se transformer. En posant des bases solides en soi, en s’entourant d’un lien patient et sécurisant, on peut apprendre que l’amour n’est pas toujours synonyme de perte. Et qu’on peut rester… sans craindre de trop aimer.
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