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On parle souvent du désir d’enfant, parfois de la grossesse “épanouissante”, mais rarement de ce sentiment plus secret, plus intime : la peur intense d’être enceinte, d’avoir un fœtus en soi, de voir son corps se transformer sans contrôle. Cette peur, nommée tokophobie, peut concerner autant les personnes qui ne souhaitent pas avoir d’enfant que celles qui en désirent, mais vivent cette perspective avec panique.


Quand le corps devient étranger

La phobie de la grossesse se manifeste à plusieurs niveaux :

  • Peur de la grossesse elle-même, même à ses débuts
  • Peur de la transformation corporelle (ventre, seins, poids, mobilité…)
  • Peur du processus physiologique de l’accouchement
  • Peur d’être envahie, d’avoir “quelque chose” qui pousse en soi
  • Peur des changements irréversibles (hormones, silhouette, libido…)

Elle touche des personnes enceintes, mais aussi celles qui ne le sont pas et vivent dans une peur constante de le devenir.


Symptômes fréquents

  • Crainte obsessionnelle d’une grossesse malgré contraception ou absence de rapport
  • Rejet des images ou discours autour de la maternité
  • Détresse face à l’idée d’un test de grossesse ou d’une échographie
  • Crises de panique à l’idée d’être “prise au piège” dans un corps en changement
  • Ambivalence forte entre désir d’enfant et refus du processus corporel associé

Ce que cette peur révèle

🧠 Une perte du sentiment de maîtrise

La grossesse est perçue comme une transformation imposée, où l’on devient spectateur·rice de son propre corps.

🫥 Une angoisse d’invasion corporelle

Le fœtus, pourtant humain, est parfois vécu comme une entité étrangère, voire inquiétante.

💭 Une projection de la douleur ou de l’irréversibilité

Le corps est redouté comme un espace de souffrance, de déformation, voire de perte d’identité.

🧬 Un vécu traumatique ou un discours social contraignant

Certaines peurs prennent racine dans des violences gynécologiques, des récits traumatisants ou un rapport blessé à la féminité.


Conséquences dans la vie quotidienne

  • Évitement total des rapports sexuels ou contraception compulsive
  • Refus catégorique de la maternité sans pouvoir en exprimer clairement les raisons
  • Difficultés relationnelles avec un·e partenaire désireux·se d’enfant
  • Sentiment de solitude, d’incompréhension ou de culpabilité
  • Angoisse à chaque cycle menstruel, voire rejet de son propre corps

Accompagnements thérapeutiques efficaces

💬 Thérapies corporelles et symboliques

Explorer le lien au corps, à la fécondité, à l’idée d’être “habitée”, à la temporalité du changement.

🧠 Thérapies centrées sur les traumas médicaux ou gynécologiques

Réparer une histoire corporelle blessée, rétablir une confiance dans le soin et l’intimité.

🧘 Ancrage corporel progressif

Reconnaître son corps non comme danger, mais comme territoire vivant, sensible, évolutif.

🤝 Groupes de parole ou espaces sécurisés

Partager ces peurs pour sortir de la honte ou du silence qui les entoure.


Conseils pour mieux vivre avec la tokophobie

  • Ne pas minimiser cette peur : elle est légitime, même si taboue
  • Se renseigner sans se forcer : choisir ses sources, son rythme
  • Trouver un·e professionnel·le de santé respectueux·se et à l’écoute
  • S’autoriser à dire non, à poser des limites claires (dans le couple, les soins, les conversations)
  • Se rappeler que le refus de grossesse n’est pas un refus de soi — c’est un besoin de sécurité, de clarté, de maîtrise

Conclusion

La phobie de la grossesse est une peur profonde, souvent indicible, car elle heurte les normes sociales autour de la maternité, du “corps qui donne la vie”, du féminin idéalisé. Elle est pourtant légitime, et mérite d’être entendue sans jugement.

Accueillir cette peur, c’est aussi réhabiliter le droit à la complexité, à la nuance, à la souveraineté corporelle. Et faire de l’espace… non pas pour un fœtus, mais pour soi-même.

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