Un éternuement dans le bus, une poignée de main imprévue, un espace clos avec des inconnus… Pour certaines personnes, ces situations sont devenues hautement anxiogènes, voire insupportables. La peur de la contagion n’est pas un simple souci d’hygiène ou de prudence : c’est une phobie complexe, parfois paralysante, dans laquelle l’autre devient source potentielle de danger.
Quand la présence humaine devient une menace invisible
Cette phobie peut concerner :
- Les virus (grippe, COVID, VIH, gastro-entérites…)
- Les bactéries et microbes “ambients”
- La contamination par le toucher, la parole, l’air
- La peur d’infecter un proche vulnérable (enfant, parent âgé, partenaire)
Elle pousse à des comportements d’évitement, de contrôle et d’isolement, souvent douloureux à vivre.
Symptômes fréquents
- Anxiété intense dans les lieux publics ou les transports
- Refus de contact physique (bise, poignée de main, proximité)
- Lavages excessifs, désinfections, vêtements “barrière”
- Évitement des lieux considérés “à risque” : hôpitaux, écoles, centres commerciaux…
- Sensation de rejet de l’autre, même aimé·e : peur d’être contaminé·e ou contaminant·e
Ce que cette peur révèle
🧠 Une hypersensibilité à l’invisible
Le danger n’est ni visible ni palpable — ce qui le rend plus anxiogène. Le cerveau traque l’infime indice de risque.
🫥 Une peur de la perte de maîtrise
Être contaminé·e, c’est laisser quelque chose entrer en soi, sans pouvoir l’arrêter.
💭 Une projection du malaise dans le lien
La peur de la contagion est aussi une peur de l’intimité, de la fusion, de l’exposition. Le corps de l’autre est perçu comme potentiellement menaçant.
🔄 Une mémoire traumatique collective ou personnelle
La crise du COVID-19 a ravivé (ou installé) une forme de peur généralisée, durable et difficile à déconstruire.
Conséquences sur la vie quotidienne
- Isolement social, distanciation durable, retrait de la vie collective
- Anxiété liée à des événements simples (courses, repas, transports…)
- Tensions dans les relations proches : incompréhension, rejet, surprotection
- Détresse émotionnelle silencieuse : “Je veux aller vers les autres, mais j’ai peur”
- Sentiment de honte ou de bizarrerie : “Personne ne comprend que c’est invivable pour moi”
Accompagnements thérapeutiques efficaces
💬 Thérapies cognitivo-comportementales (TCC)
Identifier les pensées automatiques, travailler l’exposition graduée à la proximité physique.
🧘 Pratiques de régulation du système nerveux
Apaiser la réponse de stress liée à l’environnement : respiration, visualisation, ancrage sensoriel.
🧠 Thérapies du lien et de la sécurité
Explorer le rapport au contact, à l’intimité, à la vulnérabilité face à l’autre.
🎭 Recréation de scénarios symboliques
Mettre en scène, en imagination ou en jeu, des situations “à risque” pour en apprivoiser les dimensions.
Conseils pour mieux vivre avec la peur de la contagion
- Revenir progressivement dans les lieux publics à son rythme
- Recréer des rituels de contact doux (avec un animal, un proche de confiance…)
- Se rappeler que la sécurité peut exister avec l’autre, pas seulement dans la séparation
- Créer des espaces “refuge” dans lesquels on se sent libre de relâcher la vigilance
- Se féliciter de chaque étape franchie, même infime
Conclusion
La peur de la contagion parle d’un monde où le lien est devenu menaçant, le contact risqué, la proximité suspecte. Elle n’est pas une simple peur sanitaire, mais un trouble relationnel profond, ancré dans le corps, l’émotion et la mémoire collective.
Mais on peut réapprendre à faire confiance, à se rapprocher, à respirer ensemble. Retisser du lien, sans peur, est un soin — autant qu’un soulagement.
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