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La décision est prise, l’opération est nécessaire, les équipes sont prêtes. Et pourtant, un vertige intérieur s’installe. La simple idée d’être allongé·e, sous anesthésie, vulnérable et silencieux·se sur une table d’opération, suffit à faire monter l’angoisse. La phobie de la chirurgie, encore peu verbalisée, touche un nombre croissant de personnes, même pour des interventions mineures.

Ce n’est pas la douleur qui est redoutée… c’est la perte totale de contrôle.


Quand la chirurgie devient scénario de panique

Cette phobie peut s’ancrer :

  • Dans la peur de ne pas se réveiller de l’anesthésie
  • Dans la crainte d’un incident grave pendant l’opération
  • Dans le sentiment d’être “à la merci” des équipes médicales
  • Dans la honte d’un corps exposé, incisé, transformé
  • Dans une mémoire d’opération difficile passée ou d’un proche

La chirurgie devient alors un symbole de dépossession du corps, de vulnérabilité extrême.


Symptômes fréquents

  • Panique à l’annonce d’une intervention, même bénigne
  • Refus ou report répété d’une opération pourtant indiquée
  • Troubles du sommeil à l’approche de la date
  • Ruminations : “Et s’ils faisaient une erreur ?”, “Et si je me réveillais en plein milieu ?”
  • Angoisse du réveil : “Dans quel état vais-je me retrouver ?”

Ce que cette peur révèle

🧠 Une angoisse de l’inconscience

L’anesthésie générale implique de confier entièrement son corps à d’autres, sans présence consciente. Cela peut réveiller des peurs archaïques de disparition.

🫥 Une peur de l’irréversible

La chirurgie transforme le corps. Même si c’est réparateur, ce changement est vécu comme un franchissement de seuil.

💭 Une crainte de l’erreur ou de la négligence

Le bloc opératoire cristallise la peur d’un événement médical incontrôlable.

🧬 Un traumatisme ancien ou indirect

Un souvenir (vécu ou transmis) d’intervention compliquée, de réveil difficile, ou de maltraitance médicale, peut rester enfoui mais actif.


Conséquences sur le quotidien

  • Détérioration de la santé par refus de chirurgie nécessaire
  • Isolement dans l’angoisse, incompréhension de l’entourage
  • Auto-culpabilisation : “Je suis irrationnel·le, je devrais y arriver”
  • Stress chronique, tension physique et mentale pré-opératoire
  • Méfiance généralisée envers les professionnels de santé

Accompagnements thérapeutiques efficaces

💬 Thérapies cognitivo-comportementales (TCC)

Travailler les scénarios catastrophistes, décomposer les étapes de l’opération, reconstruire une narration rassurante.

🧘 Travail d’ancrage corporel avant l’opération

Visualisation, respiration, relaxation pour préparer le corps à lâcher sans panique.

🧠 Thérapie du lien à la vulnérabilité

Explorer le rapport au corps, à la confiance, au soin, à la dépendance temporaire.

🎭 Mise en scène sécurisée

Simuler certaines étapes de l’opération (chambre, tenue, réveil…), dans un cadre thérapeutique.


Conseils pour aborder une opération avec plus de calme

  • Rencontrer l’anesthésiste en amont et poser toutes ses questions
  • Écrire une lettre à son corps ou à l’équipe soignante : “Je vous confie mon corps avec bienveillance”
  • Apporter un objet rassurant à l’hôpital (photo, tissu, musique…)
  • Demander une prise en charge spécifique de l’anxiété pré-opératoire
  • Se rappeler que la chirurgie est une coopération entre science, soins… et confiance

Conclusion

La phobie de la chirurgie est la peur d’un moment suspendu où l’on ne peut plus rien contrôler, plus rien ressentir — juste attendre. Elle touche au cœur de notre humanité : notre peur d’être touché·e, modifié·e, exposé·e.

Mais elle peut être reconnue, travaillée, apaisée. Car la vraie opération commence avant la salle blanche : elle commence dans la capacité à se faire confiance — et à choisir d’être soigné·e, en toute humanité.

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