Une tension dans le dos, un point dans le ventre, une sensation de lourdeur dans les articulations… Pour beaucoup, ces signes disparaissent en quelques heures. Mais pour certaines personnes, ils ouvrent la porte à un cauchemar redouté : la douleur qui s’installe, qui revient, qui ne repart pas. La peur des douleurs chroniques n’est pas simplement la peur d’avoir mal. C’est la peur de ne plus jamais en être libéré·e.
Quand la douleur devient menace future
La peur de la douleur chronique touche :
- Les personnes déjà affectées par des douleurs persistantes (fibromyalgie, douleurs lombaires, migraines…)
- Celles ayant vu un proche en souffrir durablement
- Celles qui n’ont pas mal aujourd’hui… mais qui vivent dans la hantise que cela commence
Cette phobie s’appuie autant sur la mémoire que sur l’anticipation. Elle peut rendre chaque inconfort corporel suspect.
Symptômes fréquents
- Surveillance constante des sensations corporelles
- Anxiété à la moindre douleur, peur qu’elle “s’installe”
- Refus de certains mouvements ou activités “au cas où”
- Consultation excessive de spécialistes, examens répétés sans résultats
- Crainte de ne pas être cru·e ou de devoir “vivre avec ça toute sa vie”
Ce que cette peur révèle
🧠 Une relation tendue au corps
Le corps est perçu moins comme un allié que comme une menace potentielle. On le craint, on le contrôle, on l’écoute trop ou pas assez.
🫥 Une mémoire du corps souffrant
Un épisode passé de douleur intense peut avoir marqué la mémoire corporelle. Le simple rappel de ce moment ravive l’angoisse.
💭 Une peur existentielle de perte de liberté
La douleur chronique, c’est la crainte d’un quotidien contraint, d’un avenir flou, d’une dépendance latente.
🌀 Une confusion entre inconfort et souffrance
Tout inconfort devient le signal d’une rechute ou d’un effondrement possible.
Conséquences sur la vie quotidienne
- Hypervigilance permanente, fatigue mentale accrue
- Évitement d’activités, repli, ralentissement du rythme de vie
- Difficulté à faire confiance au corps et à ses capacités de récupération
- Dépendance à certains traitements préventifs, peur de manquer de médicaments
- Sentiment d’isolement ou d’incompréhension : “Les autres ne savent pas ce que c’est.”
Accompagnements thérapeutiques efficaces
💬 Thérapies cognitivo-comportementales (TCC)
Identifier les croyances autour de la douleur, apprendre à différencier la sensation réelle de l’interprétation anxieuse.
🧘 Approches corporelles apaisantes
Yoga doux, mouvements somatiques, respiration : retrouver une relation confiante avec son corps.
🧠 Thérapies centrées sur la résilience
Explorer ses ressources internes, son vécu de la douleur passée, et les scénarios catastrophiques qu’on projette.
🎨 Expression créative
Mettre en mots, en image ou en mouvement la peur de souffrir pour la décharger symboliquement.
Conseils pour vivre avec moins de peur face à la douleur
- Faire la différence entre douleur aiguë, douleur chronique et inconfort passager
- Se répéter : “Une douleur n’est pas toujours un signal de gravité ou de rechute”
- S’autoriser à bouger sans attendre l’absence parfaite de douleur
- Créer un espace de dialogue avec des professionnels empathiques
- Se rappeler que le cerveau qui anticipe la douleur peut aussi apprendre à l’apaiser
Conclusion
La peur des douleurs chroniques parle moins du mal physique que du mal psychique que l’on imagine devoir endurer — pour toujours. C’est une projection, une mémoire, une anticipation mêlée d’impuissance. Mais cette peur peut être entendue, travaillée, apaisée.
Car le corps, même lorsqu’il souffre, reste un partenaire vivant, sensible, capable d’adaptation. Et on peut apprendre à ne plus craindre à chaque instant… ce qui n’est pas encore là.
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