Sentir son cœur s’accélérer. Avoir les jambes qui lâchent. Ne plus savoir si l’on va pouvoir tenir debout, respirer, parler. Pour beaucoup, ce sont des sensations passagères. Pour d’autres, ce sont les prémices d’une perte de contrôle imminente — et insupportable. La peur de perdre le contrôle de son corps est une phobie silencieuse, mais extrêmement handicapante. Elle touche à la dignité, à la sécurité, à l’intégrité. Et souvent, elle s’accompagne d’un sentiment profond de honte.
Quand le corps devient imprévisible
Les contextes déclencheurs sont variés :
- Peur de s’évanouir en public
- Crainte de perdre le contrôle de sa vessie ou de ses intestins
- Angoisse de convulser, trembler, chuter, ou perdre connaissance
- Impression d’être “au bord de la rupture” sans pouvoir l’arrêter
- Peur que d’autres “voient” cette perte de contrôle
La personne vit avec une hypervigilance constante, scrutant les moindres signes de “faillite” corporelle.
Symptômes fréquents
- Sensation d’instabilité physique, vertige, vision floue
- Tension musculaire permanente, respiration bloquée
- Crises de panique centrées sur des peurs corporelles
- Besoin de contrôler l’environnement pour “éviter l’effondrement” (s’asseoir, rester proche d’une sortie…)
- Évitement de situations sociales ou professionnelles par peur d’être “pris·e en défaut”
Ce que cette peur révèle
🧠 Une hypersensibilité à l’état corporel
Le corps est vécu comme un système fragile, incontrôlable, imprévisible. Chaque tension devient suspecte.
🫥 Une peur de la honte publique
Ce n’est pas seulement la chute ou le malaise : c’est d’être vu·e dans cet état de faiblesse.
💭 Une angoisse d’anéantissement
Perdre le contrôle, c’est perdre sa forme, son unité, son autonomie. Le moi se délite.
🧬 Une mémoire somatique d’expérience traumatisante
Un malaise passé, un effondrement, une crise ou une expérience médicale brutale peuvent s’ancrer profondément.
Conséquences dans la vie quotidienne
- Réduction progressive des activités : sorties, sport, réunions…
- Dépendance à des rituels ou des repères pour “tenir” (médicaments, objets, postures…)
- Sentiment d’être “hors norme”, “déréglé·e”, “fou·folle”
- Peur d’aller consulter : crainte que le malaise surgisse pendant l’examen
- Auto-stigmatisation : “Je devrais pouvoir me contrôler”
Accompagnements thérapeutiques possibles
💬 Thérapies cognitivo-comportementales (TCC)
Travailler les pensées d’effondrement et réapprendre à différencier inconfort et danger réel.
🧘 Approches corporelles lentes
Reconnexion douce à son corps via la respiration, l’équilibre, le mouvement lent, pour réinstaller la sécurité intérieure.
🧠 Thérapie des schémas ou EMDR
Explorer les souvenirs liés à la perte de contrôle, et les reprogrammer émotionnellement.
🎭 Jeu symbolique ou mise en scène sécurisée
Mettre en jeu le moment redouté pour apprivoiser la peur dans un cadre maîtrisé.
Conseils pour apaiser la peur de “ne plus tenir”
- Ne pas fuir les premières sensations, mais les nommer, les décrire intérieurement
- Respirer profondément avec une expiration deux fois plus longue que l’inspiration
- Préparer des phrases-réflexes rassurantes : “Je suis en sécurité, c’est passager”
- Se rappeler que même une perte de contrôle est temporaire — et récupérable
- Oser en parler à une personne de confiance, pour briser l’isolement du ressenti
Conclusion
La peur de perdre le contrôle de son corps est moins une peur physique qu’une peur existentielle : celle de ne plus être soi, de ne plus tenir debout dans le regard du monde. Elle est souvent honteuse, mais profondément humaine.
La clé ne réside pas dans un contrôle absolu, mais dans une réconciliation intérieure : accepter que le corps flanche parfois, vacille, tremble — sans que cela ne nous retire notre valeur, ni notre intégrité.
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.