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Certains s’excusent avant même de parler. D’autres baissent la tête en entrant dans une pièce. D’autres encore rient doucement pour ne pas déranger. Ce ne sont pas de simples marques de timidité. Ce sont souvent les signes d’une peur plus profonde : la peur d’être de trop. Cette peur, existentielle, diffuse et insidieuse, s’apparente à une phobie silencieuse de sa propre présence.

Ce trouble ne repose pas sur ce que l’on fait, mais sur ce que l’on est. Il s’agit de penser que sa seule existence est un dérangement pour les autres.


Quand exister semble déranger

Cette peur peut se manifester de façon constante ou par vagues :

  • Se sentir inutile ou envahissant·e dans une conversation
  • Avoir peur de déranger en posant une question ou en demandant de l’aide
  • S’excuser souvent, même sans avoir commis de faute
  • Éviter les invitations ou les contacts par peur de « peser »
  • Ressentir une honte d’être là, même sans raison identifiable

Symptômes fréquents

  • Anxiété sociale masquée par une gentillesse excessive
  • Sentiment d’illégitimité dans les groupes, les espaces publics, les relations
  • Culpabilité dès que l’on s’exprime, dès que l’on prend de la place
  • Besoin d’être utile pour “justifier” sa présence
  • Sensation de ne jamais être vraiment bienvenu·e

Ce que cette peur exprime

👤 Une blessure narcissique ancienne

Souvent, la personne n’a pas reçu la confirmation fondamentale : « Tu as ta place ici, juste en étant toi ». Elle a appris que pour être accepté·e, il fallait mériter, compenser, ne pas gêner.

🪞 Une image de soi conditionnelle

La valeur personnelle repose sur l’approbation des autres. Si cette approbation manque, le sentiment d’être légitime s’effondre.

🧠 Une intériorisation du rejet

Expériences d’exclusion, de rejet affectif ou de dévalorisation récurrente ont laissé une trace profonde : “je dérange par nature”.

💔 Une dissociation entre être et lien

La personne croit que le lien avec l’autre exige un effacement de soi, un compromis permanent.


Conséquences sur le quotidien

  • Difficulté à nouer ou maintenir des relations stables
  • Auto-sabotage dans les amitiés, les couples, les projets collectifs
  • Refus d’aide, même en grande souffrance
  • Perfectionnisme social : être agréable, discret·e, utile à tout prix
  • Épuisement émotionnel, solitude, dépression masquée

Accompagnements thérapeutiques possibles

💬 Thérapie centrée sur l’estime de soi

Travailler l’idée que l’on mérite d’exister, d’occuper une place, sans devoir se justifier en permanence.

🧠 Déconstruction des croyances limitantes

Identifier les pensées du type : “je suis encombrant·e”, “je dérange”, “je ne suis pas fait·e pour être avec les autres”.

🤝 Travail en groupe ou en duo thérapeutique

Revivre des situations de lien sécurisant permet de reconstruire l’expérience du “je peux exister avec l’autre, sans nuire”.

🌱 Psychothérapie des attachements

Explorer l’histoire du lien, les blessures d’attachement, et réparer les expériences d’effacement précoce.


Conseils pour reprendre sa place

  • Observer quand on s’excuse : est-ce vraiment nécessaire ?
  • Prendre un espace (siège, parole, regard) consciemment, même brièvement
  • Écrire une “lettre à soi” qui commence par : « Tu as le droit d’exister, même sans être parfait·e »
  • Identifier une personne ressource qui vous accueille tel·le que vous êtes
  • S’entraîner à demander, à proposer, à initier — sans attendre de permission invisible

Conclusion

La peur d’être de trop n’est pas une fragilité sociale. C’est une trace intime d’un manque de reconnaissance, d’un effacement appris, d’une honte intériorisée. Mais cette peur peut se transformer.

Reprendre sa place ne signifie pas s’imposer ou parler fort. Cela signifie habiter doucement son existence, apprendre que l’on peut être là, vraiment là, sans nuire, sans excuser, sans fuir. Et que l’on mérite d’être aimé·e — même en silence, même en nuance, même imparfait·e.

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