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Nous prêtons rarement attention à ces lieux dits « de passage » : couloirs, halls, ascenseurs, parkings, cages d’escalier… Ils sont partout, sans fonction propre, sans véritable interaction, souvent déserts, silencieux, lumineux de manière artificielle. Pourtant, ces espaces neutres, anodins en apparence, provoquent chez certaines personnes une anxiété intense, parfois même une forme de phobie spécifique. On parle ici de phobie contextuelle silencieuse, d’un trouble discret mais bien réel.


Quand le rien devient trop

Ce qui rend ces espaces inquiétants, ce n’est pas ce qu’ils contiennent, mais ce qu’ils ne contiennent pas :

  • Pas de fenêtre
  • Pas de repères humains
  • Pas de décor personnalisé
  • Pas d’activité claire
  • Pas de sortie visible immédiate

L’absence d’information, de chaleur ou d’interaction rend l’environnement indéchiffrable pour l’esprit. Ce vide devient alors le terrain de l’imaginaire anxieux.


Symptômes fréquents

  • Malaise dès l’entrée dans un lieu neutre ou silencieux
  • Accélération du rythme cardiaque, besoin de marcher vite ou de sortir
  • Sensation d’être observé·e ou suivi·e (même seul·e)
  • Nausées, vertiges, dissociation légère
  • Crises de panique ou fuite brutale
  • Stratégies d’évitement : escaliers au lieu d’un ascenseur, détour pour ne pas passer par un parking, etc.

Ce que ces lieux déclenchent

🧠 Ambiguïté sensorielle

Les espaces neutres n’offrent aucun repère sensoriel structurant : la lumière est froide, les sons sont étouffés ou amplifiés, l’écho accentue le sentiment de solitude.

😣 Activation de la peur primitive

Le vide, l’absence d’humanité, le silence total… activent une mémoire archaïque du danger, comme dans une scène d’angoisse au cinéma.

🔁 Lieux propices à l’anticipation

Ce sont souvent des lieux entre deux actions, entre deux décisions — ce qui favorise les pensées anticipatoires négatives : « Et si je restais coincé·e ? », « Et si quelque chose arrivait ici ? »

🕳 Symbolique du vide existentiel

Chez certaines personnes, le ressenti évoque l’absurde, la perte de sens, un retour brutal à la vacuité ou à l’abandon.


Contextes aggravants

  • Être seul·e dans l’espace
  • Lumière blanche ou instable
  • Longueur excessive (couloir interminable)
  • Bruits sourds ou inconstants (bips, pas, moteur d’ascenseur…)
  • Espaces souterrains (parkings, sous-sols…)

Impacts au quotidien

  • Évitement de certains lieux ou trajets
  • Délégation de tâches banales (aller chercher la voiture, descendre un courrier)
  • Dépendance à l’accompagnement
  • Raccourcissement de l’autonomie dans les déplacements
  • Auto-dévalorisation liée à la peur d’un lieu « vide »

Approches thérapeutiques possibles

🧠 TCC et désensibilisation progressive

Revenir sur les pensées automatiques (« c’est dangereux », « je vais paniquer », « je suis en danger ») et pratiquer des expositions sécurisées et contrôlées.

🧘 Techniques d’ancrage

Focaliser l’attention sur la respiration, les appuis au sol, les points fixes dans l’environnement. Créer une présence corporelle rassurante dans le lieu.

🎧 Utilisation de supports sensoriels

Casques, musique douce, huiles essentielles ou petits objets apaisants peuvent recréer une bulle personnelle.

💬 Approche symbolique ou psychanalytique

Explorer ce que représente le vide, le silence, l’absence, le passage. Ces espaces deviennent alors des métaphores de transitions internes.


Conseils concrets

  • Choisir lumière naturelle et lieux animés quand c’est possible
  • S’exercer à habiter progressivement ces espaces, même quelques secondes
  • S’autoriser à marcher plus vite ou à parler à voix basse, sans culpabilité
  • Créer des rituels (mot à se répéter, objet dans la poche, respiration en carré…)
  • Visualiser l’arrivée ou la sortie avant d’entrer dans le lieu

Conclusion

La phobie des espaces neutres nous montre que ce qui semble vide peut être psychiquement très chargé. Ces lieux que l’on traverse sans y penser deviennent, pour d’autres, des zones d’alerte, de flottement, de vulnérabilité.

Les apprivoiser, c’est redonner à ces espaces leur vraie nature : des lieux de passage, non de menace. Et c’est, en parallèle, se reconnecter à soi comme présence rassurante, même au cœur du vide.

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