Le Trouble du Développement Intellectuel (TDI) ne peut être diagnostiqué formellement qu’après une évaluation approfondie, mais des signes d’alerte peuvent apparaître très tôt, parfois avant l’âge de 2 ans. Ces manifestations ne signifient pas automatiquement qu’un TDI est présent, mais elles doivent susciter une vigilance clinique et encourager une orientation vers des professionnels compétents.
Les premières années de vie sont une période clé pour le développement du cerveau. Plus les difficultés sont repérées tôt, plus les interventions peuvent être mises en place rapidement, avec un impact significatif sur l’évolution de l’enfant.
Ce que l’on attend d’un développement typique entre 0 et 3 ans
L’observation du développement global repose sur plusieurs repères :
- Motricité globale et fine : capacité à se retourner, ramper, marcher, manipuler des objets.
- Langage réceptif et expressif : réaction à son prénom, compréhension de consignes simples, émission de sons, puis de mots.
- Communication non verbale : contact visuel, pointage, sourires sociaux, imitation.
- Interaction sociale : intérêt pour les autres enfants, jeux partagés, recherche du regard de l’adulte.
- Jeu symbolique : capacité à faire semblant, à reproduire des actions du quotidien avec des objets.
Ces repères sont variables d’un enfant à l’autre, mais leur absence ou leur apparition très tardive peut évoquer un développement atypique.
Signes d’alerte dès la 1re année
Avant 12 mois, certains comportements doivent attirer l’attention des professionnels et des familles :
- Absence de sourire social à 3 mois
- Peu ou pas de babillage à 6 mois
- Aucune réponse au prénom à 9 mois
- Contact visuel très fuyant ou inexistant
- Absence de gestes sociaux comme tendre les bras, imiter, montrer
Le manque d’intérêt pour les interactions humaines, les jeux d’échange, ou les stimuli auditifs et visuels peut signaler un trouble neurodéveloppemental naissant, nécessitant une observation continue.
Signes observables entre 12 et 24 mois
C’est une période clé pour le langage, l’imitation et la motricité. Les signes d’alerte à cet âge incluent :
- Absence de mots vers 18 mois
- Non-acquisition de la marche sans cause médicale connue après 18 mois
- Retard de compréhension du langage verbal
- Absence de jeu symbolique ou d’imitation (ex. : faire semblant de donner à manger)
- Indifférence aux autres enfants ou retrait social
Le langage est souvent le premier indicateur visible, mais il ne doit pas être observé isolément. Il est important d’évaluer la communication globale (gestes, regards, compréhension), ainsi que la coordination motrice et les réactions aux changements d’environnement.
Signes persistants entre 2 et 3 ans
À partir de 24 mois, les écarts avec le développement typique deviennent plus nets :
- Très peu ou pas de langage spontané
- Absence d’initiative dans le jeu
- Difficultés à suivre des routines simples ou des consignes visuelles
- Comportements répétitifs sans fonction apparente
- Besoin d’aide constante pour des gestes simples (s’asseoir à table, se laver les mains)
- Réactions extrêmes à certaines stimulations (bruits, textures…)
Ces signes peuvent correspondre à divers troubles : TDI, TSA, TDL, etc. L’objectif du repérage n’est pas de trancher entre eux, mais d’engager une démarche d’évaluation complète auprès de structures spécialisées (PMI, CAMSP, CMP…).
Rôle des structures de la petite enfance
Les professionnels de crèche, halte-garderie ou assistantes maternelles sont des acteurs de première ligne dans l’observation des tout-petits. Ils peuvent remarquer :
- un retard global de développement,
- des comportements inhabituels,
- des réactions émotionnelles disproportionnées,
- une faible capacité à entrer en relation.
Leur rôle est de partager leurs observations de façon factuelle et bienveillante avec les familles, et d’encourager, si nécessaire, un contact avec les services de protection maternelle et infantile (PMI) ou les médecins référents.
Vers une orientation adaptée
Lorsque plusieurs signes d’alerte sont repérés de façon persistante, l’enfant peut être orienté vers :
- un bilan pluridisciplinaire en CAMSP (Centre d’Action Médico-Sociale Précoce),
- un médecin de PMI ou généraliste pour une première évaluation,
- un psychologue du développement, ou une structure spécialisée en dépistage précoce.
L’évaluation ne repose pas sur un test unique, mais sur une combinaison d’observations, d’échelles de développement, d’échanges avec la famille, et parfois de bilans complémentaires (orthophonie, psychomotricité…).
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